Ne nous libérez pas, on s’en charge !
Sous couvert de multiples bonnes intentions affichées, les membres d’Abolition 2012 organisent une « journée d’abolition citoyenne du système prostitueur ». Or, vouloir abolir la prostitution, c’est vouloir abolir les putes. Ils / elles assènent que la prostitution ne peut jamais constituer un choix, qu’il s’agit forcément d’une violence, du fruit de contraintes, directes – violences physiques et/ou psychologiques – ou indirectes – contraintes socio-économiques. Le travail, en général, est rarement un choix enthousiaste, d’autant moins dans nos sociétés qui favorisent l’exploitation des travailleurSEs, d’autant moins pour les catégories les plus opprimées de la population : les femmes, les trans, les migrantEs. Pendant qu’Abolition 2012 se bat pour abolir les putes, nous luttons pour que la prostitution ne constitue plus jamais une violence, pour que celles et ceux qui ont choisi de l’exercer puissent le faire dans de bonnes conditions, pour que celles et ceux qui souhaitent faire autre chose en aient les moyens : titre de séjour, droit au logement, accès aux droits, accès aux soins. Nous nous battons pour que toutes les femmes, les trans, les migrantes aient le choix de leur activité, et de leur vie. Nous nous battons pour que les conditions d’exercice du travail sexuel soient sécurisées. Le projet d’Abolition 2012 est uniquement idéologique et de peu d’envergure, son seul objectif est d’étrangler encore un peu plus une catégorie de personnes qui, souvent, cumulent déjà les oppressions. Abolition 2012 est absent lorsqu’il s’agit d’abolir les frontières ou de lutter pour le changement de sexe à l’état civil sans stérilisation forcée pour les trans, ou lorsqu’il s’agit de lutter pour les droits des migrantEs. Ils / elles se pensent révolutionnaires, mais leur projet ne se résume qu’à « l’abolition du système prostitueur », soit la disparition des travailleuRses du sexe, vélléité somme toute très moraliste et bien-pensante. Les minima sociaux et autres mesures de « réinsertion » qu’ils/elles brandissent ne seront pas ouverts aux migrantEs sans papiers. Les budgets dédiés au « volet social » de leur chantier n’existent pas. Savent-ils / elles seulement que nombreuSESx sont celles et ceux qui ont choisi le travail sexuel, dans le cadre des possibles assignés par une société patriarcale, transphobe, homophobe et raciste ?Savent-ils / elles seulement qu’ils / elles portent un projet criminel ?
La priorité d’Abolition 2012 est désormais claire : pénaliser les clientEs, c’est à dire mettre en danger la santé, la sécurité, la vie de ceux et celles qu’ils/elles prétendent protéger. S’acharner à exiger cette mesure c’est assumer d’exposer l’ensemble des travailleurSEs du sexe et plus particulièrement les plus vulnérables d’entre eux/elles, aux contaminations au VIH/sida et autres IST ainsi qu’aux abus et violences.Ce sont les rapports non-protégés et les conditions d’exercice difficiles qui exposent les travailleusEs sexuelLEs à des risques sanitaires.
Abolition 2012 s’obstine à ignorer aussi les impératifs de santé publique, et l’expertise des premierEs concernéEs et de nombreuses instances : Programme des Nations Unies pour le Développement, Conseil National du Sida, Plan National de lutte contre le VIH/sida, IGAS. L’ensemble des associations de santé, de santé communautaire, de lutte contre le sida est opposé à la pénalisation des clientEs des travailleuRses du sexe. Cela fait des années que nous nous époumonons à crier les conséquences catastrophiques qu’aurait ce projet : Abolition 2012 refuse de nous écouter. Pendant que les putes meurent, ils/elles glosent, et savent ce qu’ils/elles font. Nous exigeons : – L’abandon de tout projet visant à pénaliser les clientEs des travailleuRses sexuelLEs ; – Que les travailleuRses du sexe, premierEs concernéEs, soient associéEs à toute décision et à tout débat les concernant ; – La fin immédiate de toute criminalisation et de toute répression du travail sexuel ; – L’arrêt de l’instrumentalisation de la lutte contre la traite à des fins racistes, sexistes et putophobes ; – L’application du droit commun aux travailleurSEs du sexe, notamment dans le cadre de la lutte contre les violences et les abus. Signataires : – Act Up-Paris – STRASS – Collectif 8-Mars Pour Toutes – Acceptess-T – Collectif du XVIème