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Aujourd’hui a lieu la journée mondiale anti-contrefaçon, l’occasion pour l’industrie pharmaceutique de ré-assener son sempiternel refrain sur les sacro-saints droits de propriété intellectuelle et de conforter la dangereuse confusion entre médicaments génériques et faux médicaments. Or il est indispensable de dissocier les enjeux de santé publique (composition chimique des produits) et enjeux économiques ayant trait à la protection de la propriété intellectuelle (utilisation détournée de marques).

Bien entendu, le commerce de médicaments frauduleux (produits de mauvaise composition chimique) est un réel problème qui met en danger la vie des malades ; mais présenter Big Pharma comme cheval blanc de la lutte contre la contrefaçon, ainsi que le fait Global Voices dans un récent article, est une erreur qui n’est pas innocente. Car l’essor du commerce des médicaments contrefaits est en grande partie dû aux prix exorbitants imposés par les laboratoires pharmaceutiques grâce aux monopoles que leur assurent les brevets pharmaceutiques. C’est notamment dans les pays du Sud où les médicaments princeps étant inabordables pour la plupart des malades que se développent le plus les marchés parallèles.

Alors que la véritable solution aux faux médicaments est l’abandon des monopoles et la mise en concurrence des producteurs de médicaments, via l’industrie du générique, pour faire baisser les prix et améliorer l’accès ; l’industrie pharmaceutiques n’hésite pas à demander au contraire le renforcement de la protection des brevets en affirmant que « la santé a un prix ». Elle entretient à cette fin une confusion entre faux médicaments (mauvaise composition chimique) et médicaments génériques (bonne composition chimique mais produits par d’autres laboratoires), confusion qu’elle a tenté d’imposer dans l’accord commercial anti-contrefaçon ACTA.


En faisant passer un réel problème de santé publique (la tromperie sur la marchandise) pour un problème de propriété intellectuelle, Big Pharma tente de faire croire que les brevets sont un outil de défense de la santé publique, alors même qu’ils sont la principale entrave à l’accès aux médicaments pour touTEs.