Depuis près de deux mois, le mariage et l’adoption sont ouverts aux couples de même sexe. Si cette avancée dans le sens de l’égalité des droits constitue indéniablement une victoire pour la lutte contre le sida, force est de constater l’invisibilité totale des enjeux de lutte contre l’épidémie, tant chez les partis que dans le mouvement associatif LGBT, et plus généralement dans nos communautés.
Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des Femmes et porte-parole du gouvernement a déclaré cet automne que « la sérophobie ne relève pas des questions LGBT », et insinué qu’il serait discriminant d’en parler à propos des personnes LGBT. L’élaboration du plan interministériel de lutte contre les violences faites aux personnes LGBT s’est faite sans qu’aucune attention ne soit portée aux revendications des associations de lutte contre le sida. Aujourd’hui à Paris, près d’un pédé sur cinq est séropositif. La prévalence chez les femmes trans est extrêmement élevée. Le sida est un enjeu majeur des combats LGBT. – Les discours politiques de lutte contre les discriminations semblent avant tout portés par des séronégatiVEs, tandis que les politiques de prévention paraissent adopter exclusivement le point de vue des séropositiVEs. Au contraire, nous pensons qu’un point de vue de séropositiVEs sur les violences et discriminations non seulement sérophobes, mais aussi homophobes, transphobes, sexistes et racistes est essentiel, car ces violences sont des obstacles majeur pour l’accès à la prévention, au dépistage, aux soins, aux droits. L’investissement des séronégatiVEs sur les questions de prévention est une nécessité : le nombre de contaminations dans nos communautés ne cesse d’augmenter, et l’incidence chez les plus jeunes augmente de façon particulièrement inquiétante. – À Paris, la fermeture prochaine de l’Hôpital Hôtel-Dieu se fait dans le silence de nos communautés. Pourtant, situées près du Marais, les urgences de l’Hôtel-Dieu permettent la distribution d’un nombre très important de Traitements Post-Exposition et constituent un maillon essentiel des dispositifs de prévention. Les services de l’Hôtel-Dieu jouent également un rôle majeur dans l’accès au soins en région parisienne. Sa fermeture met en danger les séropositiVEs, en désorganisant encore un peu plus les services hospitaliers parisiens. Il est donc urgent que nos communautés se mobilisent pour l’empêcher. – La précarité et l’exclusion sont une préoccupation extrêmement importante pour nombre de personnes séropositiVEs, et ce jusque dans nos communautés. Aller jusqu’au bout de l’égalité des droits est une nécessité, mais n’est pas suffisant : il importe d’investir les questions de politique économique et sanitaire pour préserver et étendre l’accès à la santé pour touTEs. Nous, trans, gouines, pédés, biEs, précaires, malades, séropositiVEs, séronégatiVEs, travailleurSEs du sexe, exigeons que les combats politiques de la lutte contre le sida soient considérés pour ce qu’ils sont : une urgence sanitaire. Le sida est une épidémie politique : elle se nourrit du silence de nos communautés, des désengagements militants, de l’inaction coupable des pouvoirs publics. Nous refusons de croire que le destin de nos communautés soit inéluctablement lié à la maladie, sans que rien n’y puisse être fait. Pour remettre les enjeux du VIH-sida au cœur des luttes LGBT, rejoignez le cortège d’Act Up-Paris ce samedi à la Marche des Fiertés LGBT de Paris, derrière la banderole MariéEs au sida ? FUCK !