South is burning
Environ 185 millions de personnes dans le monde sont atteintes de l’hépatite C, et la maladie connaît actuellement une progression fulgurante : entre trois et quatre millions de personnes sont nouvellement infectées chaque année. Pourtant l’hépatite C est une maladie curable.
Traitements inabordables
Mais la plupart des personnes infectées vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire et n’ont accès ni aux diagnostics, ni aux traitements. Ainsi, la grande majorité des personnes infectées ne se savent pas porteuses du virus, et même si elles le savaient, elles n’auraient pas accès aux médicaments en raison de leur prix.
En effet, deux laboratoires (Roche et Merck) se partagent le monopole sur les traitements contre l’hépatite C et maintiennent des prix excessivement hauts, qui entravent très fortement leur accès dans les pays du Sud. Le traitement de 48 semaines est ainsi vendu dans certains pays jusqu’à 20 000 US$ alors même qu’en Égypte, où un traitement alternatif (le Reinferon Retard®) est commercialisé par le laboratoire Minapharm, il est disponible à moins de 2 500 US$.
Quant aux nouvelles thérapies en développement, les laboratoires ont laissé entendre qu’ils souhaitent les commercialiser aux alentours de 100 000 US$ le traitement de douze semaines, alors qu’une étude présentée lors de la dernière conférence sur le sida à Kuala Lumpur démontre que les coûts de production de ce traitement ne sont que de 100 à 200 US$[[What is the minimum cost per person to cure HCV? http://pag.ias2013.org/abstracts.aspx?aid=3142]].
Discrimination des malades
Par ailleurs, l’hépatite C touche principalement les usagÈrEs de drogues , victimes d’une marginalisation et d’une criminalisation qui les éloignent encore plus de l’accès aux soins lorsqu’ils existent : à peine 2 à 4 % d’entre elles ont accès au traitement. Tout comme ce fut le cas pour l’épidémie sida, on assiste à une catastrophe sanitaire amplifiée par l’inaction de gouvernements qui ne veulent pas s’occuper de la santé de celles et ceux dont le comportement est jugé immoral. Alors que la distribution de matériel stérile permet de prévenir l’infection au VIH et aux hépatites, moins de 4 % des usagÈrEs y ont accès. Par ailleurs, les usagÈrEs de drogues sont particulièrement touchéEs par le VIH qui multiplie par deux la progression de l’hépatite C.
OMS is missing
Face à cette épidémie, l’Organisation Mondiale de la Santé brille par son inaction. Ce n’est que très récemment qu’elle a inscrit l’interféron pégylé, composant central de la thérapie standard actuelle du VHC, dans la liste des médicaments essentiels. Mais la publication de recommandations en matière de dépistage et de traitement se fait toujours attendre. Plusieurs associations de la HepCoalition ont récemment lancé une campagne pour interpeller la directrice de l’OMS Margaret Chan et lui demander d’assurer un réel leadership dans la lutte contre l’hépatite C (signez la pétition) ; et l’association Act Up-Basel appelle les communautés et les personnes infectées et/ou affectées à écrire directement au bureau de l’OMS en charge de leur région.
A l’occasion de la journée mondiale contre les hépatites, Act Up-Paris exige :
- quel’OMS exerce un réel leadership dans la lutte contre l’hépatite C, et notamment qu’elle :
- publie dans les plus brefs délais des recommandations en matière de dépistage et de traitement du VHC ;
- inscrive à la liste des médicaments essentiels les nouvelles thérapies dès leur mise sur le marché ;
- accélère le travail en vue de faciliter la préqualification de traitements alternatifs et biosimilaires ;
- que les laboratoires Merk et Roche cessent leurs profits criminels sur la vie des malades et baissent le prix des médicaments ;
- que les gouvernements cessent de discriminer et criminaliser les usagÈrEs de drogues et mettent en place des campagnes de prévention ciblées, notamment la fourniture de matériel sterile.