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Publié aujourd’hui 12 septembre 2013, un rapport édifiant de l’International Civil Society Support[[En concertation avec le secrétariat du Fonds mondial de lutte contre le sida la tuberculose et le paludisme, ONUSIDA, STOP TB partnership et Roll back malaria]] pour le compte du Global Fund Advocacy Network pointe ce que AIDES, Act Up-Paris, Coalition PLUS et Solthis affirment depuis bientôt 3 ans : malgré les immenses progrès réalisés, nous ne parviendrons pas à inverser la courbe de l’épidémie si nous ne passons pas rapidement un braquet en termes d’investissement financier.

A quelques semaines de la conférence trisannuelle de reconstitution du Fonds Mondial[[Cette Conférence aura lieu en décembre et déterminera les contributions des pays riches au Fonds mondial pour les 3 prochaines années.]], ce rapport tombe à pic. Proposant une analyse macro-économique inédite de la lutte contre le sida, l’ICSS chiffre avec précision le « coût de l’inaction », à savoir les conséquences d’un statu quo financier dans le combat mondial contre le sida.

D’abord ce rapport confirme une donnée essentielle : grâce à l’effet préventif des traitements et à l’efficacité du Fonds Mondial, le contrôle de l’épidémie est à portée de main.

Voilà pour les bonnes nouvelles. Car ce rapport démontre ensuite qu’atteindre la fin du sida sans augmenter les moyens financiers est absolument illusoire. Pire, le simple maintien de l’aide existante conduit à une progression inévitable de l’épidémie. Une progression dont le coût s’annonce considérable : sur la seule période 2014-2016, l’ICSS estime à 3,9 millions le nombre de nouvelles contaminations qui pourraient être évitées si les financements étaient disponibles. C’est évidemment un désastre sur le plan humain. C’est aussi un non-sens économique : la prise en charge à vie de ces nouveaux malades est estimée par l’ICSS à… 47 milliards de dollars !

C’est là le principal enseignement de ce rapport, qui confirme ce que nos associations n’ont cessé de répéter depuis 2010 : il existe un point de bascule, un niveau critique de financement en dessous duquel nous ne pourrons pas contrôler l’épidémie. « C’est mécanique, explique Bruno Spire, président de AIDES. Tant que nous n’aurons pas atteint ce niveau, nous continuerons à courir derrière l’épidémie ». Ce point de bascule est estimé par l’ICSS à 15 milliards de dollars pour le Fonds mondial de lutte contre le sida sur la période 2014-2016. Or les contributions annoncées pour les trois ans à venir n’excèdent pas les 12 milliards. Il manque donc 3 milliards de dollars au Fonds pour commencer à inverser la tendance… Soit 1 milliard de plus par an. Autant dire une obole pour la communauté internationale. Pour nous, associations de lutte contre le sida, la fin d’une épidémie qui a déjà fait plus de 35 millions de morts vaut bien un tel investissement. « Nous sommes face à un tournant historique », déclare Laure Pora, présidente d’Act Up-Paris «  Nous avons plus que jamais besoin de volonté politique, sans quoi nous prenons le risque de ne jamais arriver à endiguer l’épidémie. »

Pour AIDES, Act Up-Paris, Coalition PLUS et Solthis, ce rapport montre que l’heure n’est pas à la démobilisation : refuser d’investir maintenant à la hauteur des besoins, c’est se condamner à payer infiniment plus dans les années à venir. C’est aussi laisser passer une incroyable opportunité d’en finir avec le sida. Nos associations appellent François Hollande à un geste politique fort, afin d’accroître la contribution française et d’entrainer la communauté internationale dans son sillage. C’est ici et maintenant que tout se joue.