L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) annonçait le 30 juin dernier lors de la Conférence de l’IAS ses nouvelles recommandations thérapeutiques concernant le VIH. Une nouvelle à saluer qui rappelle la communauté internationale aux défis de l’accès universel aux traitements et aux examens de suivi biologique.
Traiter plus tôt, traiter mieux
Les nouvelles recommandations de l’OMS encouragent les pays à démarrer le traitement antirétroviral (TARV) chez les adultes vivant avec le VIH dès que leur taux de lymphocytes CD4 (cellules du système immunitaire) devient inférieur à 500 cellules/mm3. Traiter les personnes porteuses du VIH plus précocement[[Les précédentes recommandations de
l’OMS fixaient ce seuil à 350 cellules/mm3]] permet d’une part d’améliorer les pronostics d’une bonne santé en réduisant les risques de comorbidité et d’autre part à abaisser leur charge virale, ce qui réduit statistiquement le risque de transmettre le virus à une autre personne. L’OMS préconise en outre d’améliorer le suivi thérapeutique en améliorant l’accès aux suivis biologiques, tels que la mesure de la charge virale et des lymphocytes CD4. Ces examens de suivi permettent de mesurer les réponses virologique et immunitaire et d’identifier le plus précocement possible les échecs thérapeutiques nécessitant un changement de traitement. Enfin, l’OMS recommande de fournir un traitement à tous les enfants de moins de 5 ans vivant avec le VIH, à toutes les femmes enceintes ou allaitantes porteuses du VIH et à tous les séropositifVEs dont le/la partenaire n’est pas infectéE.
L’OMS aurait dû aller plus loin
Si ces nouvelles recommandations vont dans le bon sens, elles manquent de préciser un certain nombre de points cruciaux. C’est notamment le cas des modalités d’implication des communautés à tous les stades du parcours de soins, de l’inclusion des recommandations[[Using TRIPS flexibilities to improve access to HIV treatment, UNAIDS/WHO/UNDP, 2011]] concernant la co-infection VIH/hépatite C, ou encore de la préconisation du dépistage chez les enfants de mois de dix-huit mois. Plus généralement, on aimerait qu’au Sud comme au Nord, chaque patient puisse choisir, en concertation avec son médecin, le moment de commencer un traitement. Malheureusement, la médiocre qualité de la prise en charge (utilisation de molécules toxiques, absence d’examens de suivi biologique, fréquentes ruptures) et ses conséquences (toxicités, échappements thérapeutiques) annihilent les avantages d’une mise sous traitement précoce.
La balle est dans le camp des politiques
Pour que soient appliquées les nouvelles recommandations de l’OMS, nos dirigeantEs devront faire preuve d’une réelle volonté politique. La redéfinition des seuils de mises sous traitement fait passer le nombre de personnes éligibles au TARV de 15 à 26 millions, alors que seuls 9,7 millions y ont effectivement accès. En outre, dans bien des pays, la discrimination dont sont victimes les personnes trans, les travailleurSEs du sexe, les homosexuelLEs et les usagerEs de drogues les éloigne de l’accès à la prévention et aux soins.
Quant aux examens de suivi biologiques, ils sont peu pratiqués dans les pays du Sud en raison de leur coût élevé et du manque d’équipement des laboratoires (surtout en milieu rural).
Alors que les États de l’Union Africaine ne remplissent toujours pas l’engagement pris en 2001 à Abuja de consacrer 15% de leur budget national à la santé, et que le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, peine à trouver les 5 milliards de dollars supplémentaires dont il a besoin sur les trois prochaines années, on a du mal à voir comment les recommandations de l’OMS pourront effectivement être mises en œuvre.