Colères, parce qu’après nous avoir consenti une loi insuffisante et incomplète, le gouvernement multiplie ses attaques contre les minorités et les malades, dans la droite ligne de son prédécesseur.
Colères, parce que la communauté LGBT semble s’accommoder de la situation, d’avancées légales peu satisfaisantes et d’offensives continues des réactionnaires.
Colères, parce que la réalité de l’épidémie chez les femmes trans et les pédés continue d’être sous-évaluée tant par les pouvoirs publics que par la communauté.
Oublier sciemment les droits des trans, enterrer l’accès à la PMA pour toutes, stigmatiser les étrangerEs, poursuivre les expulsions des sans-papiers, s’acharner à mettre en danger les travailleurSEs du sexe, laisser mourir les prisonnierEs malades, continuer à interdire l’accès aux soins funéraires pour les séropos, persister dans des politiques d’austérité qui ciblent avant tout les malades et les précaires sont autant de signes limpides que le gouvernement adresse aux réactionnaires de tout bord.
Cette stratégie électoraliste s’avère catastrophique. Là n’est pas la question : le cynisme socialiste ne nous semble même plus aujourd’hui préférable à la brutalité droitière à laquelle il succède. Ce qui importe, c’est que cette stratégie nous frappe aujourd’hui directement, marginalisant et précarisant toujours davantage des malades et des minorités que ses atermoiements ont désignés comme des cibles de choix pour des groupes haineux et des politiques de stigmatisation.
L’engouement de 2013 pour les droits des LGBT est bien vite retombé, alors que la communauté toute entière se devrait d’être encore mobilisée, en lutte face aux appels du pied que le Parti Socialiste ne cesse de faire aux réactionnaires.
La communauté LGBT n’a aucune raison de se réjouir. Les trans, les gouines, les biEs, les pédés restent marginaliséEs et agresséEs, plus encore après l’ouverture du mariage aux couples de même sexe qu’avant. Les quelques droits supplémentaires qui nous ont été accordés ne peuvent nous faire oublier ni le tribut que nous payons aujourd’hui pour la complaisance du gouvernement vis-à-vis des réactionnaires, ni les violences et exclusions qui frappent encore d’autres minorités.
Adopter l’agenda et les mots d’ordre du gouvernement comme boussole politique est suicidaire : c’est oublier ce que nos conditions de vies doivent à l’activisme et à la lutte, oublier combien d’entre nous sont aujourd’hui même les cibles privilégiées des politiques mises en place par le PS, et accepter d’être offertEs en pâture à des homophobes, transphobes, lesbophobes, sexistes et racistes toujours plus nombreuxSES.
Ce 28 juin, nous ne laisserons pas le gouvernement décider pour nous des raisons de notre présence dans la rue.