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Prés de 34 ans après le début de la crise du sida, plus grand chose ne ressemble finalement a ce que les premiers conférenciers des années 80 ont connu. Sauf peut-être un sujet dont la persistance démontre la difficulté, la recherche vaccinale. Rien d’étonnant donc que cette session de pré-conférence de lundi sensée présenter aux jeunes investigateurs les sujets de fond de la recherche abordés lors de cette conférence ait débuté par là. Une manière de ne pas rompre avec les bons vieux classiques du genre. Galit Alter, pour ne pas rebuter d’emblée, a parlé du verre a moitié vide ou a moitié plein afin de tenter de situer l’avancée de la recherche vaccinale. Pas vraiment rassurant. Mais ensuite elle décrit avec une ferveur de chercheur ce que des années de recherche ont produit comme si ca allait de soi. Pour qu’un vaccin marche, il faut que ses effets induits permettent de bloquer l’infection et de tuer les toutes premières cellules infectées. Elle a aussi rappelé le long processus par lequel on a sélectionné les meilleurs candidats d’anticorps capables de neutraliser le VIH puis comment on a tenté de mettre au point les antigènes que devra contenir le vaccine afin de stimuler la production de ces anticorps. Et puis plus récemment comment, essai après essais, on a mis au point des techniques de vaccinations successives capables d’affiner la précision de ces anticorps. 30 ans qu’on est là dessus et tout devient simple ! L’autre sujet tant attendu dans cette CROI, présenté par Susan P. Buchbinder, ce qu’elle nomme elle-même la “prévention 2.0”. Elle explique que depuis trente ans, les outils de la prévention sont les campagnes de santé publique, le dépistage et les préservatifs. Et puis voila qu’en quelques années ce paysage bien établi vient d’être chamboulé par des interventions nouvelles qui remettent en question tout le bon ordonnancement des habitudes. Ce sont la circoncision, la PrEP et le TasP. Trois outils dont les spécificités doivent être bien comprises pour ce qu’elles sont. La circoncision protège à 58% a long terme de la transmission hétérosexuelle de la femme (séropositive) a l’homme. Un résultat pourtant limité mais aussi en passe de changer bien des choses dans des pays du sud ou le développement de l’épidémie est essentiellement hétérosexuel. La PrEP, ou prophylaxie pré-Exposition, bref, l’utilisation d’antirétroviraux en prévention de la transmission du VIH, a fait ces dernières années des progrès considérables. Les derniers résultats, les meilleurs obtenus jusque la, seront présentés lors de cette conférence. Enfin, le TasP ou “treatment as prevention” est la faculté maintenant clairement documentée que le traitement antirétroviral a de réduire la transmission du virus de 96% (résultats de l’essai HPTN052) lorsqu’il est efficace chez une personne séropositive. Un autre sujet sera aussi très présent a cette CROI 2015, c’est le concept de guérison. C’est John M. Coffin qui a présenté dans cette matinée de lundi le point sur la situation. Le mot clé ici, c’est réservoir. La définition qu’il en donne résume très bien l’enjeu: le reservoir ce sont les cellules et les sources virales capables de produire un rebond de charge virale lorsqu’on arrete un traitement antiretroviral qui bloquait le développement de l’infection. Cette piste de recherche de l’éradication de l’infection a VIH vise donc essentiellement à faire mieux que ce qu’on sait faire jusque là avec des traitements antirétroviraux, à savoir, éliminer les sources virales que ces traitements ne peuvent éliminer. Voila, avec quelques autres sujets plus techniques, de quoi sera compose les trois prochains jours de cette conférence de Seattle.