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C’est avec colère que nous avons suivi les débats qui, ce lundi 30 mars, se tenaient au Sénat autour de la proposition de loi « visant à lutter contre le système prostitutionnel » et pris acte des décisions finales.
C’est avec dégoût que nous assistons depuis à l’indignation indécente et déplacée du Parti Socialiste, et notamment de la ministre des Affaires Sociales, de la Santé, et des droits des Femmes (1).

Les associations et instances de santé, de santé communautaire, de lutte contre le sida, unanimes dans leur opposition à toute mesure répressive, directe ou indirecte, à l’encontre des putes, alertent depuis des années sur les risques d’une éventuelle mise en place de la pénalisation des clients, ses conséquences sanitaires étant en tous points les mêmes que celles qui découlent du délit de racolage (2).
Après des mois passés à fuir toute prise de position claire sur la question (3), la Ministre finit par rallier formellement l’obscurantisme en s’y disant favorable (4).

La Ministre des Affaires Sociales, de la Santé et des Droits des Femmes réussit aujourd’hui l’exploit d’orner de cadavres l’ensemble de ses 3 portefeuilles : elle condamne une minorité en grande partie féminine à la précarité, aux violences et aux risques sanitaires.

En mars 2013, l’abrogation du délit de racolage public, portée par Esther Benbassa, a été votée par la chambre haute, Il était dès lors possible de sortir rapidement les prostituéEs d’un statut de délinquantE auquel la loi les contraignait.

Sournoisement, l’inscription de ce point à l’ordre du jour de l’Assemblée Nationale avait été freinée, au prétexte de la mise en place d’une « loi plus vaste » sur la question prostitutionnelle, ce jusqu’au pourtant prévisible nouveau basculement du Sénat à droite.

Le deal était aussi clair qu’odieux : troquer sur le dos des travailleurSEs du sexe l’abrogation d’une mesure criminelle contre la mise en place d’une autre du même acabit.

Le Parti Socialiste a voulu concilier l’inconciliable : comme sur nombre de questions sociétales, il a choisi d’entendre aussi des sirènes idéologiques sécuritaires, au mépris le plus complet des impératifs de santé publique et de ceux/celles qui les connaissent, à commencer par les premièrEs concernéEs.

A s’entêter à vouloir reléguer les prostituéEs au seul rang de victime, pour répondre aux exigences d’une morale autoritaire meurtrière, paternaliste et faussement bienveillante, le gouvernement ajoute à son piètre bilan une loi dangereuse, répressive, et déjà chargée d’expulsions, de violences, et de contaminations VIH et IST.

Les mairies socialistes peuvent rassurer leurs administréE, la répression et l’invisibilisation des putes va se poursuivre, sans nul doute affinée par quelques arrêtés municipaux qu’ils et elles mettent en place par ailleurs (5).

AtterréEs et furieuxSEs, nous estimons ne plus rien avoir à espérer de ce gouvernement, toutefois, nous exigeons :

  • l’abrogation immédiate du délit de racolage public.
  • l’abandon de tout projet de mesure répressive, directe ou indirecte, à l’encontre des prostituéEs.
  • l’application du droit commun pour les travailleurSEs du sexe.

(1)
http://femmes.gouv.fr/marisol-touraine-rappelle-limportance-de-proteger-les-personnes-prostituees/

(2)
https://www.actupparis.org/spip.php?article5401
https://www.actupparis.org/spip.php?article5301
http://droitsetprostitution.fr/1/index.php/a/7-manifeste-contre-la-penalisation-des-prostituees-et-de-leurs-clients

(3)
https://www.actupparis.org/spip.php?article5306

(4) http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/03/31/prostitution-touraine-veut-reintroduire-la-penalisation-des-clients_4606633_3224.html

(5) http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:7CclynIGSUUJ:www.paris.fr/viewmultimediadocument%3Fmultimediadocument-id%3D112581%26bmobdo%3D1+&cd=1&hl=fr&ct=clnk&gl=fr (page 17)

http://www.rue89lyon.fr/2014/10/21/chronologie-a-lyon-12-annees-d-arretes-municipaux-contre-prostituees/-

http://leplus.nouvelobs.com/contribution/565237-moi-prostituee-je-ne-peux-plus-exercer-mon-travail-au-bois-de-boulogne.html

http://abcd.medecinsdumonde.org/doc/ENQUETE-MUNICIPALES-2014.pdf (pages 12 & 13)