J’ai 20 ans. Le PS passe, mon sida reste, car, homosexuel, bisexuel, j’ai été confronté à une insuffisance caractérisée des politiques de prévention, à une éducation à la santé sexuelle hétérocentrée, aux tabous de la communauté quant au VIH/sida, dans laquelle je cherche pourtant ma place.
J’ai 20 ans. Le PS passe, mon sida reste, car, hétérosexuelle, je n’ai pas eu accès à l’information en matière de prévention, de dépistage, de prise en charge, faute de moyens alloués à des centres de santé sexuelle, par exemple ceux de planning familial.
J’ai 20 ans. Le PS passe, mon sida reste, car, lesbienne, je suis confrontée à la double invisibilité, en tant que femme et en tant que lesbienne, dans mon rapport au VIH.
J’ai 20 ans. Le PS passe, mon sida reste, car, trans, les discriminations subies m’éloignent du monde médical.
J’ai 20 ans. Le PS passe, mon sida reste, car, travailleurEUSE du sexe, la pénalisation des clients et le harcèlement policier conduisent à des contaminations, et rendent la prise en charge plus complexe.
J’ai 20 ans. Le PS passe, mon sida reste, car, migrantE, j’ai été victime de l’inhumanité des conditions d’accueil en France, avant d’être expluséE dans un pays où mon traitement n’est pas effectivement disponible.
J’ai 20 ans. Le PS passe, mon sida reste, car, détenuE, résidentE en HP, le manque de moyens, l’empressement du personnel à appliquer des méthodes répressives, sont autant d’obstacles auxquels je fais face au quotidien.
Act Up-Paris a 27 ans, mais est solidaire de toutes les personnes vivant avec le VIH, faisant face à l’épidémie. Ce sont les statistiques prouvant l’augmentation importante, quoique relative, des contaminations chez les jeunes homo et bis qui nous conduisent, en cette marche des Fiertés, à nous demander si nous pouvons être fièrEs de ce que nous faisons pour les plus jeunes d’entre nous, en particulier ceux qui viennent à la marche pour la première fois.
Ce tableau sombre, 4 ans de PS y ont nettement contribué, avec leur lot de politiques austéritaires et répressives, d’hésitations et finalement de refus d’ouvrir de nouveaux droits, qui nous avaient pourtant été promis en 2012. En ce jour, il est pourtant nécessaire de dire que nous ne nous y résignerons pas. L’année qu’il reste à cette majorité sera celle de toutes nos colères, de toutes nos actions !
Plusieurs chantiers d’importance sont en effet ouverts. Reconstitution du Fonds mondial, baisse du prix des traitements, mise en place d’un plan de prévention et de lutte contre le VIH/sida et les hépatites virales, pour prendre le relais de celui échu en 2014, etc. : la mobilisation sur tous les fronts s’impose pour atteindre les objectifs fixés à l’horizon 2020 (90% des personnes séropositives connaissent leur statut sérologique, dont 90% sont sous traitement, 90% de ces dernières étant en succès thérapeutique).
Il s’agira, aussi et surtout ; d’une année de campagne électorale. Tout au long de celle-ci, Act Up-Paris sera mobilisée et vigilante. Car le PS pourrait bien passer : nous ne nous laisserons ni bercer, ni amadouer par de douces promesses. Nous ne serons pas la caution progressiste d’une politique plus libérale que sociale. Mais le PS pourrait tout aussi Y passer : se laisser bercer, ce serait s’endormir, face aux menaces qui nous guettent pourtant à sa droite !
Celle d’une droite décomplexée, et de plus en plus, qui s’illustre notamment par ses attaques contre l’AME, et l’ensemble des aides d’état et des solidarités ! Celle d’une extrême-droite, nationaliste, xénophobe, hostile à nos droits, crachant avec constance sur nos luttes, notamment contre le sida, crachant avec constance sa haine des minorités.
Dans ces critiques, légitimes, du PS, nous ne nous vendrons ni à l’une ni à l’autre. Nous refusons et refuserons l’homonationalisme dans lequel touTEs voudraient nous voir plonger, plus encore après la tragédie d’Orlando, que peu qualifient de ce qu’elle est, pourtant, vraiment.
Pas de fiertés sans solidarités !
Retrouvez-nous ce 2 juillet aux emplacements 47 à 52 de la Marche des Fiertés Quai François Mitterrand le long du Louvre, entre 11h30 et 14h30, avant un départ pour un trajet, scandaleusement court, vers Bastille.