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Act Up-Paris s’inquiète de la victoire de François Fillon à la primaire de la droite et du centre. Elle confirme que, de toutes parts, les perspectives de la campagne présidentielle, qui s’accélère désormais, sont sombres. Face à celles-ci, agir est essentiel, et la manifestation à laquelle nous appelons jeudi à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida doit être un premier pas pour peser dans le cours de la campagne.

Avec près de 70% des votes exprimés au second tour de la primaire de la droite et du centre, l’ample victoire de François Fillon est inquiétante à plusieurs titres.
• Elle ouvre la voie à un programme ultra-libéral qui, de la TVA sociale à la privatisation de l’assurance-maladie, ponctionnera à des fins obscures nos cotisations sociales, brisera la solidarité du système de santé et cassera ses composantes, abandonnant à leurs sorts les plus précairEs et isoléEs d’entre nous.
• Elle marque le retour d’un premier ministre dont nous avons combattu 5 ans durant les orientations et les mesures que son gouvernement a mis en œuvre. Par exemple, avec la loi Besson de 2011, qui remplaçait la notion d’« accès effectif » par celle de « disponibilité » des traitements dans les pays d’origine des personnes demandant un titre de séjour pour soins en France. Celle-ci avait condamné à l’expulsion nombre d’entre elles vers des pays dans lesquels la disponibilité n’était que théorique ou réservée à une partie infime de la population.
• Elle est enfin le résultat de la mobilisation d’une partie des militantEs de droite, ceuxELLES qui ont bénéficié de l’élan de mobilisation de « La Manif pour Tous », ont tissé et activé sans relâche leurs réseaux.

Rappeler leur homophobie, leur lesbophobie, leur biphobie, leur transphobie, leur sérophobie, leur racisme, leur sexisme est important, mais ne suffit pas. En particulier, cela ne doit pas conduire à exempter d’une responsabilité importante de ce résultat la droitisation du Parti Socialiste.

La façon dont les débats ont été menés autour du mariage pour tous a nourri les rangs et les soutiens de ceux qui ont contribué à élire Fillon, et en particulier des élus locaux appelés un temps à exercer une illicite « liberté de conscience » par le Président de la République. Ces exemples d’un regard toujours tourné à droite se sont multipliés tout au long du quinquennat, accompagnant une dérive sécuritaire dont l’état d’urgence permanent est le point d’achèvement, et dont l’acharnement policier sur les proches d’Adama Traoré, ou encore sur Kara Wilde, trans américaine incarcérée, n’a rien à envier au sarkozysme, que Fillon incarna fidèlement cinq ans durant.

Avec le programme des Républicains, qu’il soit incarné par Fillon ou Juppé, des menaces supplémentaires sur nos vies, nos droits, sur l’accès aux soins, à l’Aide Médicale d’Etat, à l’IVG sont à attendre. Les exécutifs locaux s’y attellent déjà, en Ile-de-France ou en Auvergne-Rhône-Alpes notamment.

En face, le piètre bilan du Parti socialiste et sa droitisation oblitèrent les soutiens qui avaient conduits à son succès en 2012.

Dans cette campagne qui s’accélère, les enjeux de la lutte contre l’épidémie de vih/sida, contre la stabilité des contaminations, contre la dégradation des conditions de vie, de l’accès aux droits et aux soins des séropositifVEs, apparaissent peu.

Ainsi, porter les revendications des associations pour mettre un terme à l’épidémie impose encore plus de recourir à l’ensemble des outils de notre répertoire : l’action publique, un plaidoyer sans concession auprès des candidatEs, et une information au plus large sur nos mobilisations pour rallier de nouveaux soutiens et former de nouvelles coalitions.

SeulEs, nous n’y parviendrons probablement pas. C’est en agissant touTEs ensemble, rassembléEs au plus large et auprès des plus marginaliséEs d’entre nous que nous nous ferons entendre.