Lundi 27 mars, lors de l’émission « Touche pas à mon poste » sur C8, les chroniqueurSEs ont rendu leurs avis sur la soirée au Moulin Rouge organisée pour le Sidaction. Jean Michel Maire s’est illustré une fois de plus, en « donnant ses impressions » à la vue de la danse « lascive » de Shym. Selon, lui, tout comme on ne fume pas lors d’une soirée pour la lutte contre le cancer, on ne devrait pas danser de manière sexy lors d’une soirée pour la lutte contre le sida, parce que ça laisserait penser au public que le VIH se transmet par la danse.
Et en effet – mais l’émission de C8 a-t-elle une seule fois fait preuve de la pédagogie qui aurait permis de détromper ce public ? – le VIH ne se transmet pas par la danse aussi rapprochée soit-elle, c’est par un rapport sexuel non protégé (par un préservatif ou par la prise de Truvada au titre de la prophylaxie pré-exposition) qu’il y a un risque de contamination. Si dans un contexte festif, il peut y avoir consommations de drogues et/ou d’alcools, c’est la dose prise de ceux-ci et l’altération des sens qu’ils peuvent provoquer qui peuvent conduire les personnes à oublier les précautions d’usage lors d’un rapport sexuel pour éviter une exposition au VIH. En cas de prise de risque, il faut se rendre aux urgences d’un hôpital dans les 48h au plus tard, et si possible dans les 4 premières heures, pour demander à prendre un Traitement Post Exposition, afin de bloquer l’infection. Mais le propos de Jean Michel Maire qui tendrait à dissocier la danse et la lutte est lui-même une insulte à des années d’activisme. Faudrait-il renvoyer le Sidaction au placard ? Faudrait-il n’y faire parler que des médecins ? La lutte contre le sida n’est-elle qu’une question qui mérite de ne montrer que des laboratoires et des lames de microscope ? Non, et c’est là où Jean-Michel Maire se trompe, la lutte contre le sida est aussi une lutte politique, une lutte pour la visibilité, et notamment des séropositifVEs, dans touTEs leurs activités. Alors que le sida fait son lit sur la vulnérabilité des personnes, engendrées notamment par les discriminations subies au quotidien, la danse restera un espace de liberté où, séropos comme séronegs, nous serons uniEs. A Act Up-Paris, et en premier lieu à beaucoup de Marches des Fiertés, nous avons dansé, et tous les « quand même » du monde ne nous ont jamais empêché et ne nous empêcheront jamais de le faire » S’il est pour cette fois satisfaisant de voir que touTEs les chroniqueurSEs et l’invité se sont élevéEs contre les propos et la logique imbécile de Jean Michel Maire, nous aurions aimé également les voir s’élever contre l’utilisation par Camille Combal d’une photo d’une femme transgenre qui s’est reconnue pour la comparer à un homme (Gilles Verdez), face à l’agression sexuelle qu’a subie une danseuse par Jean Michel Maire, face encore à l’acharnement de Cyrille Hanouna envers Matthieu Delormeau relevant d’une logique homophobe. Répétons-le : si, de la danse ou des clichés et préjugés sexistes, LGBTIphobes, que véhicule régulièrement l’émission, il y en a qui font le jeu de l’épidémie, ce sont indiscutablement les seconds. Alors que chaque année 6000 personnes découvrent leur séropositivité en France dont 20% à un stade tardif, voire en stade sida, et que les connaissances des jeunes sur les modes de contaminations se dégradent, au profit de fausses idées, plus que jamais nous ne cesserons de répéter que le VIH se transmet, non en dansant, non en luttant, non en luttant en dansant, mais par le sang, par le sperme, par la loi et par les discriminations. DANSER = VIVREArticles similaires
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