Grâce à Hollande et sa réforme du calcul des prestations sociales, dont l’unique augmentation annuelle est indexée sur le taux d’inflation de l’année précédente, l’Allocation Adulte Handicapée (AAH) est revalorisée en 2017 de 0,28 % ce 1er avril, passant de 808,46eur à 810,72eur. Quelle aubaine pour touTEs les bénéficiairEs qui gagneront 2.26eur de plus ! De quoi s’acheter chaque mois un sandwich triangle au pain de mie, de marques de distributeur seulement, faut pas abuser non plus !
Quinquennat de la générosité, l’AAH n’aura augmenté que de 6,67 %, là où le précédent l’aura fait de 25 %, mais partant d’un niveau dramatiquement bas à 653eur. Hollande a donc continué de maintenir le million de bénéficiairEs sous le seuil de pauvreté établi à 840eur [1]. 61% de ces personnes perçoivent l’AAH à taux plein parce qu’elles n’ont pas d’autres revenus, notamment provenant d’une activité professionnelle.
Si les personnes ayant un taux d’incapacité d’au moins 80% ont moins de 60ans [2], ne travaillent pas depuis un an, résident seules dans un logement, ont une incapacité de travail inférieure à 5% (ces conditions pouvant s’entrecroiser), elles ont droit soit à une Majoration pour la Vie Autonome de 104.77eur, soit à un Complément de Ressources de 179,31 euros, pour lequel il faut qu’elles fassent la demande [3]. Il est vrai que, cumulés, vivre avec 913.23eur ou 987.77eur par mois est aisé et confortable. Hollande se contente très bien de cet état de fait.
Pour touTEs, le niveau de l’AAH dépasse le plafond maximum de 727eur par mois qui donne droit à la CMU-C (Couverture maladie universelle complémentaire). Pour compléter la Sécurité Sociale, ilELLEs doivent alors se retourner vers une mutuelle, à peine financée par l’Aide Complémentaire Santé (ACS), à laquelle les bénéficiairEs d’APL n’ont pas toujours le droit puisque le plafond de l’ACS est lui-même de 981eur par mois. Or nous savons à quel point le taux de non recours aux prestations sociales est important, à rebours des discours de certainEs politiques fustigeant ces bénéficiairEs comme des profiteurSEs et lançant la chasse aux potentielLEs « fraudeurSEs ».
Retrouvez la démonstration de cette augmentation sur le niveau de vie d’un de nos militants :
Les nouvelles fortunes de l’AAH au 1/04/17 : la démonstration
Des ponctions dans les fonds d’insertion malgré un taux de chômage inacceptable
Hollande se contente également d’un taux de chômage important, 21%, des personnes ayant un handicap, soit le double du reste de la population. Ce ne sont pas les différentes ponctions sur les fonds dédiés à l’insertion dans le marché du travail qui vont faire évoluer favorablement la donne : la cotisation pour l’année 2016 au Fiphfp (Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique) a été amputée de 30 millions d’euros, donnés au Ministère de l’Education Nationale pour financer la sécurisation des universités, en plus des ponctions de trois fois 29 millions sur chacun des deux organismes, le Fiphfp et l’Agefiph (l’Association de Gestion du Fonds pour l’Insertion Professionnelle des Personnes Handicapées), son pendant pour le privé, pour financer les contrats aidés [4].
Si l’horizon de l’objectif de 6% de travailleurSEs handicapéEs dans le public semble en vue, puisque le taux actuel est de 5.17%, on en est loin dans le privé où il n’y a que 3.6% de travailleurSEs handicapéEs. Ségolène Neuville, secrétaire d’Etat en charge des Personnes handicapées, préfère voir ces horizons d’emplois comme des menaces au financement pérenne du Fiphfp et de l’Agefiph [5], dont l’argent provient en partie des pénalités des entreprises ne répondant pas aux quotas de travailleurSEs handicapéEs, plutôt que de se battre contre les ponctions sur ces fonds pour financer des actions des ministères autres que le sien.
Une médecine du travail détricotée : un obstacle supplémentaire aux reconnaissances de handicap
La loi Travail a mis à mal la médecine du travail, passant d’une médecine de prévention à une médecine de simple contrôle. Les visites d’embauche sont supprimées, les visites obligatoires peuvent être espacées jusqu’à 5 ans au lieu de 2 ans auparavant [6]. C’est pourtant au médecin du travail de déterminer qui est apte ou pas à telle ou telle tâche. Cela aura donc des conséquences sur la reconnaissance d’unE employéE en tant que travailleurSEs handicapéEs et de l’obtention d’un aménagement de ses conditions de travail, en relation avec l’Agefiph, qui finance les adaptations de poste après la visite du médecin du travail du conseillerE Cap Emploi.
Parce que l’évolution de l’infection au VIH engendre de multiples effets indésirables et handicapants (fatigues, troubles neurologiques etc), davantage présents en stade sida, en plus des effets des traitements, notamment les plus anciens et toxiques, et de la prise en charge qui nécessitent des rendez-vous réguliers, cela jouent sur le rythme de travail, l’adaptabilité des postes et la poursuite d’une carrière professionnelle. C’est pourquoi Act Up-Paris se mobilise sur l’AAH dont bénéficient la plupart des séropos.
Act Up-Paris exige :
- Une revalorisation supérieure de l’AAH, immédiate, et l’augmentation du plafond de la CMU-C au-dessus du seuil de pauvreté, de sorte que l’AAH et le minimum vieillesse soient octroyées d’office à touTEs leurs bénéficiairEs,
- Une politique de revalorisation généralisée des prestations sociales pour assurer des conditions de vie décentes à touTEs,
- L’augmentation des fonds aidant à l’insertion dans l’emploi des personnes en situation de handicap,
- Le renforcement des sanctions pour les employeurs méconnaissant et négligeant l’objectif d’employer 6% de travailleurSEs handicapéEs.
Notes
[1] https://www.inegalites.fr/Les-seuils-de-pauvrete-en-France
[2] https://informations.handicap.fr/art-profils-beneficiaires-aah-51-8904.php
[3] http://droit-finances.commentcamarche.net/faq/4843-aah-2018-montant-et-plafonds-de-ressources [4] https://informations.handicap.fr/art-ponction-fiphfp-universite-853-9521.php
[5] https://emploi.handicap.fr/art-segolene-neuville-seeph-1004-9267.php
[6] https://lentreprise.lexpress.fr/actualites/1/actualites/des-syndicats-de-la-medecine-du-travail-vent-debout-contre-le-projet-de-loi-travail_1775469.html