120 battements par minute a reçu le Grand prix du Jury à Cannes, complétant la Queer Palm et le prix de la critique internationale. Act Up-Paris s’en réjouit, félicite Robin Campillo et ses acteurRICEs, ainsi que toute l’équipe du film, pour avoir proposé une vision d’un pan de l’histoire de notre association, de ses militantEs, et de la lutte contre le sida.
Nous nous associons à l’hommage rendu à la mémoire de touTEs cELLEux que le sida a emporté, dont beaucoup de militantEs d’Act Up- Paris. Nous pensons aussi à touTEs cELLEux qui les ont cotoyé, qui ont milité avec nous, parfois au prix du reste.
Nous voyons ce film comme une chance de parler à nouveau de l’épidémie, qui perdure encore. 2017 : sida, on n’en guérit toujours pas !
Des traitements existent, se sont améliorés et font penser à tort aujourd’hui que le sida est une maladie chronique. Vivre avec le VIH est loin d’être facile. Nos corps fragilisés par le virus, sont soumis à un traitement à vie aux effets secondaires nocifs. Malgré les gains d’espérance de vie, les séropositifVEs présentent de plus en plus de pathologies, qui se greffent au sida pour mieux tuer : cancers (cause de 45% des décès), maladies rénales, cardiovasculaires, respiratoires, du foie…
Socialement, le virus s’en prend également à nos vies. La précarité, du fait des carrières difficiles à concilier avec la maladie et ses handicaps, est bien présente. Un quart des séropositifVEs ont pour seule ressource un minima social. Les discriminations perdurent sur un fond d’ignorance et d’idées reçues, que cela vienne de nos employeurEUSEs, de l’état, du personnel médical, de nos familles ou de nos amours. Garder l’estime de soi et l’envie de vivre est un vrai défi.
De plus, le nombre de contaminations reste important en France. C’est faute d’un investissement massif pour la prévention et l’information sur l’ensemble des moyens de prévention disponibles. C’est aussi faute de moyens suffisants mis sur le dépistage, qui est pourtant l’une des clés pour mettre fin à l’épidémie.
Le film retrace la période de l’hécatombe, depuis 20 ans et l’arrivée des antiprotéases, on ne fait que « gérer » l’épidémie. Il est enfin temps d’éradiquer ce virus qui pourrit nos vies. C’est une question politique, de volonté et des moyens pour ne pas se contenter du saupoudrage de quelques campagnes en matière de prévention et de promotion du dépistage, des sparadraps en matière de lutte contre les discriminations et d’accès aux droits et aux soins.
L’urgence est de par le monde plus forte encore, quand à peine 1 séropositifVE sur 2 a accès aux traitements, que leur manque tue plus d’un million de personnes par an, et que la solidarité internationale est loin de suffire à changer cette situation.
Pour obtenir ces moyens, et comme nous l’avons fait par le passé, se rassembler est une nécessité pour lutter. Peu importe qui que vous soyez, rejoignez-nous pour les nombreux combats qui nous restent à mener contre le sida et les discriminations !