Contre la prolongation perpétuelle de l’état d’urgence déversé dans le droit commun, Act Up-Paris participe à la manifestation du 10 septembre contre le nouveau projet de loi sur la sécurité, qui rogne toujours plus les possibilités de contrôle de décisions administratives par la justice, et étend toujours plus le champ du répréhensible dans les pratiques militantEs, dans la droite ligne de la criminalisation de la solidarité.
Les mesures sécuritaires que le projet vise à renforcer touchent déjà de manière disproportionnée migrantEs, putEs, et usagèrEs de drogue. Et c’est précisément pour cela que les contaminations par le VIH ou les hépatites virales sont nombreuxSES parmi ELLEux. Ajouter de nouvelles mesures ne rendra ces contaminations que plus nombreuses encore.
La présence des forces de police, leurs possibilités d’action, leur impunité à les dépasser entravent en effet l’accès aux droits et aux soins des migrantEs, des travailleurEUSEs du sexe, des usagèrEs de drogue, et le travail que font les associations pour aller vers et accompagner ces personnes. Interdiction des douches, gazage des distributions d’eau, perturbation des consultations médicales à Calais, mais aussi, à Paris, évacuations multiples dans des conditions qui ne permettent pas aux migrantEs de faire valoir leurs droits : autant d’exemples contre lesquels nous nous révoltons, aux côtés de toutEs cELLEux qui donnent de leur temps, et qui s’exposent à des condamnations iniques, tandis que l’inexécution des décisions de justice cassant certaines des entraves les plus manifestes semble ne poser aucun problème aux pouvoirs publics.
Le tout sécuritaire, c’est aussi toujours plus de carcéral. Mais, et en particulier aux conditions de détention actuelles, la prison est un enfer et nous ne pouvons souscrire à cette logique. La surpopulation carcérale est l’argument de facade pour construire toujours plus de prisons, mais ces constructions ne résolvent rien : celles-ci ont toujours été une incitation à condamner et incarcérer encore plus, et plus longtemps, au mépris de la dignité et de la santé des personnes. 1/3 des séropos incarcéréEs est au stade sida (PREVACAR 2010) ; le quotidien des trans incarcérées, c’est l’isolement ; les programmes d’échanges de seringues en prison sont toujours confrontés à un blocage obscurantiste.
Cette politique sécuritaire à outrance est aussi un ordre moral. C’est un ordre qui peut annoncer se délecter de 120 battements par minute autant qu’il se réjouit des entraves actuelles à la lutte contre le sida, c’est un ordre pour qui il est acceptable que les personnes que nous sommes et celles avec qui nous luttons se contaminent et n’aient pas accès aux soins. C’est un ordre qui continue de les préférer mortEs.