Act Up-Paris s’inquiète et s’insurge qu’un mouvement populaire décide d’exclure le Syndicat du Travail Sexuel (STRASS) d’une liste de signataires d’un appel à manifester.
Les abolitionnistes (qui font l’amalgame entre la prostitution libre et l’esclavage) sont des ennemis déclarés de la lutte contre le Sida. En France le Conseil National du Sida, une structure officielle et scientifique, a déclaré son opposition à la loi abolitionniste parce qu’elle mettait les putes en danger et qu’elle facilitait la transmission de la maladie. On ne peut pas nier les déclarations du CNS et se dire du coté du progrès : les abolitionnistes sont des obscurantistes. La première étude sur les travailleurSES du sexe et le sida a été organisée par les TDS elles-même tandis que le Nid refusait de distribuer des préservatifs aux putes et traitaient de « proxénétes » l’association lyonnaise Cabiria laïque et non autoritaire.
Une preuve supplémentaire ? L’association vedette des abolitionnistes, fondée par un ecclésiastique, est devenue une association intégriste catholique. Le Nid est anti-avortement et le déconseille à ses usagères. A une réunion une adepte du Nid, attaquée sur sa politique anti avortement a dit : « nous ne sommes pas contre l’avortement nous sommes pour la vie ! ». Comme si les grossesses non désirées n’amenaient pas les femmes à la prostitution ! C’est le Nid qui a touché la plus grosse subvention au vote de la loi antiputes. Pendant longtemps le Nid demandait aux femmes trans qui demandaient de l’aide de se remettre en homme. Il y a eu des suicides. Presque toutes les permanences du Nid en régions sont dans des églises ou des salles paroissiales, et des nonnes vous y reçoivent. Alors on hurle à la mort pour une jeune femme voilée et on arrose une association avec à sa tête un curé en soutane. Laïcité à deux facettes : logique islamophobe.
Pour résoudre la question de la prostitution l’État a choisi la police, une des structures les plus patriarcales, une des structures les plus mêlées aux trafics de la prostitution. Nos soi-disant abolitionnistes n’ont jamais entendu parler du proxénétisme policier, de la collusion des bordels et de la force publique ? Dans « Les chambres closes » Germaine Aziz racontait comment elle s’était retrouvée mineure enfermée dans un bordel de l’Algérie coloniale (où la loi Marthe Richard n’était pas appliquée). Son premier client c’est le commissaire de la ville. Quand elle lui dit qu’il est là de force, qu’elle est mineure, il répond « tu dis ça pour m’exciter ». Germaine mit vingt ans à sortir de là.
Ce qui est étonnant c’est à quel point les féministes abolitionnistes sont éloignées de la vérité. Pour elles les seules violences contre les femmes passent par la sexualité. Les femmes qui exercent des métiers pénibles, connait pas. Et le Sida connait pas. Sur les 30 millions de mortEs du sida dans le monde l’immense majorité sont des femmes : elles prennent six fois plus de risques qu’un homme dans un rapport sexuel. Les féministes abolitionnistes auraient pu apprendre aux femmes les dangers qu’elles courraient, leur expliquer comment prendre en main la prévention, se battre contre les discrimination qui touchent les femmes séropositives. En France seules des associations de femmes de couleur en parlent.
Depuis le vote de cette loi, la vie des putes en France est devenue un cauchemar. Obligée de se cacher elles sont victimes d’agressions en série. Comme les passes se font de plus en plus vites, il leur est de plus en plus difficile de négocier le préservatif avec le client. Leurs revenus ont connu des chutes en flèche. La lutte pour la dignité des putes est une lutte contre l’hypocrisie.
IL NE PEUT Y AVOIR DE MOUVEMENT SOCIAL SANS LUTTE CONTRE LE SIDA
ON NE PEUT LUTTER CONTRE LE SIDA EN PÉNALISANT LES PUTES