La Marche des Fiertés 2018 est l’occasion pour Act Up-Paris de rappeler la place qui doit être celle de la lutte contre le sida dans les mobilisations des LGBTQI.
Nous serons présentEs pour rendre visibles et audibles nos colères lors du plus grand rassemblement LGBTQI en France contre un gouvernement qui fait le jeu sanglant de l’épidémie, ici et ailleurs.
Act Up-Paris dénonce la responsabilité des politiques qui nous précarisent chaque jour d’avantage. Les attaques sur les droits sociaux et les solidarités nous frappent durement. Elles entravent le droit au logement, à la libre circulation des personnes, à l’accès aux soins pour touTEs et plus encore quand elles se conjuguent avec un étranglement financier de l’hôpital public.
La Région Ile-de-France n’est pas en reste quand son exécutif continue de se rendre coupable de refuser le bénéfice de la Solidarité transports pour les bénéficiaires de l’Aide Médicale d’Etat (AME).
La duplicité des pouvoirs publics entraîne plus de 6000 contaminations par le VIH par an parmi :
– les exiléEs, et notamment des femmes, dont l’accès à la prévention, au dépistage, aux soins est piétiné par les répressions et les entraves administratives toujours plus fortes,
– les jeunEs dont on continue de sacrifier l’éducation à la sexualité sur l’autel de « la main tendue » aux intégristes catholiques,
– les putEs dont certains qui défilent ici se sont faits les ennemiEs, et les exposent depuis la pénalisation des clientEs à une précarité accrue, et à une dégradation de la capacité de négocier sa prévention,
– les détenuEs délaisséEs des politiques de prévention et de réduction des risques, abandonnéEs à l’inhumanité des conditions d’enfermement,
– les usagèrEs de drogue par voie intraveineuse en empêchant un libre accès à l’échange de seringues,
– les pédés, dont les pouvoirs publics négligent le fait qu’ils sont les premiers touchés depuis le début de l’épidémie en France, demeurant aussi la cible systématique de l’extrême droite et de la droite réactionnaire avec les exiléEs.
Act Up-Paris est en colère face au manque de moyens alloués à la prévention, qui a tout d’un vain mot lorsque les politiques répressives le rendent inaccessible à beaucoup d’entre nous.
Act Up-Paris est en colère face à un gouvernement qui expulse des séropositifVEs vers des pays dont l’accès aux traitements est souvent quasi inexistant, donc vers la mort.
Il éclabousse ainsi de toujours plus d’abjection le bilan d’une politique migratoire qui a déjà fait de Calais, de la Méditerranée, des Alpes, de Mayotte, de la Guyane autant de cimetières. Alors qu’une médecin est membre de ce gouvernement et complice dans l’application implacable de ces lois discriminantes.
Act Up-Paris est en colère face à cette équation implacable, vérifiée à chaque nouveau coup du gouvernement :
Sida : En marche = on crève !
Face à ce constat, nous continuons d’appeler à la mobilisation et à la résistance.
Nous ne cesserons jamais de dénoncer la complicité des politiques dans la propagation du VIH.
En tant qu’association de lutte contre le sida, notre projet politique est d’enrayer les contaminations au VIH et aux autres IST grâce à la prévention combinée : PrEP, préservatifs, TPE, recours renforcé au dépistage…
Ce dispositif de prise en charge globale doit être renforcé dans une politique de santé sexuelle ambitieuse, aux financements renforcés, et à l’écoute des différentes communautés auxquelles elle doit s’adresser dans leurs besoins propres.
Notre projet politique de santé englobe la dimension anti-raciste de la lutte contre le sida. Et l’importance de l’intersectionnalité des luttes.
En tant qu’association de personnes séropositivEs, nous dénonçons que depuis sa création l’InterLGBT n’a jamais eu comme mot d’ordre la lutte contre le sida, malgré les plus de 35 000 morts du sida en France.
Notre projet politique nous fait défiler avec les LGBTQI d’Ile-de-France, mais nous n’oublions pas que dans les Outre-mers la situation est dramatique : en Guyane, aux Antilles, à la Réunion, en Polynésie, à Mayotte, ce sont dans ces territoires encore sous l’emprise de certains processus coloniaux où l’on rencontre les plus fortes prévalences au VIH-sida et criminellement un défaut criminel de moyens adéquats.
Notre projet politique ne s’arrête pas aux frontières de la Macronie, chasseuse de réfugiéEs.
Nous nous battons pour que les traitements ne soient pas accessibles que dans les pays riches. Nous nous battons pour que les laboratoires pharmaceutiques cassent leurs brevets, pour que les pays qui produisent des génériques puissent les faire circuler sans entraves.
Nous nous battons pour que les traitements les plus performants soient enfin accessibles pour toutEs, partout, afin que cesse cette hécatombe !
#FIGHTAIDS #FIGHTBACK