Act Up-Paris, association de lutte contre le VIH-sida, est dans la tourmente financière depuis 2013. Après l’arrêt des dons de M. Pierre Bergé, les soucis financiers sont arrivés les uns après les autres. Les militantEs-salariéEs de l’association se sont autolicenciéEs au fur et à mesure pour permettre à la structure de survivre mais rien n’y fit, la crise entamée par le départ du seul grand donateur Bergé fut le début du stade SIDA pour l’association. Et à chaque petite crise, son effet sur l’association se fait sentir. En effet, la prise en mains par un CA de droite, ne considérant plus l’épidémie de VIH comme politique et refusant de se pencher outre mesure sur une nouvelle population clé que sont les personnes étrangères (les migrantEs, les sans-papiers…), a fait basculer dans les esprits de beaucoup l’association « poil à gratter » vers une version vide et inoffensive. Puis un nouveau CA est arrivé remettant le politique au cœur du plaidoyer. Plutôt que de timide et incompréhensible « sida, migrant, ne détournons pas le regard! » chuchoté au micro des Césars, le nouveau CA a préféré mettre en avant les TDS lors des manifestations de la fête à Macron. Il a également mis en place un certain nombre de coalition (se rappelant de la signification de l’acronyme éponyme) avec les organisations des populations clés. Mais les subventions ainsi que les complications administratives (calendriers stricts des différents organismes financeurs, projet uniquement financer sur un an etc…) ont eu raison des économies de l’association.
Ce mois-ci c’est un nouveau choc pour nous, Santé Publique France (SPF), dont on connait bien sur les campagnes efficaces ces dix dernières années qui ont permis aux nouvelles contaminations de diminuer (sic) et qui finançait jusqu’alors de l’ordre de 35k€/an le travail de recherche d’information (dans les publications à revue par les pairs et dans les différentes conférences VIH), de vulgarisation scientifique de ces informations, de la rédaction, du maquettage de l’impression et du publipostage dans toute la France de la version papier de notre site internet reactup.fr ainsi que de son développement, de son alimentation, de sa mise en avant sur les réseaux sociaux. SPF donc qui ne finançait en fait qu’à peine 50% ce projet, a décidé que ce site référence mondiale francophone était passé de mode. Comme pour les MDPH sur l’AAH, SPF nous demande encore et toujours de prouver que notre action est utile et, en attendant des preuves qu’ils ne veulent pas voir, ils arrêtent de nous financer. Voilà où nous en sommes. Alors certes il nous reste les labos et la dette de sang mais avec la COVID, le VIH-sida est passé de mode.
Seule à répondre présente encore et toujours, la Mairie de Paris, malgré qu’on ne l’épargne pas sur ses pratiques à l’encontre des TDS et des migrantEs, et bien-sûr Sidaction qui sait que le sida n’est pas une épidémie passée de mode mais juste passée sous silence. Récemment nous avons même eu l’agréable surprise de recevoir les droits de chansons de M. Jean-Louis Aubert qu’on ne remerciera jamais assez non pas pour la sommes mais pour le geste que d’autres groupes nous ont refusé.
Nous avons 2 salariés payés aux alentours du SMIC, nous sommes une association recevant des TIG, distribuant des produits de prévention aux personnes du quartier de Belleville. Nous avons une permanence Droits sociaux permettant notamment d’aider des personnes séropositives pour la constitution de dossiers administratifs (demande d’AAH, de logements sociaux…) et nous ambitionnons de faire également une permanence en santé sexuelle. Mais comme nous le disions au début Act Up-Paris est en stade SIDA et a besoin du meilleur antirétroviral qui soit : le financement.