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Le 15 décembre 2020, Luna – Avril, jeune lycéenne transgenre de 17 ans, scolarisée au lycée Fénelon de Lille s’est donnée la mort. Une morte de plus, une morte parmi la longue liste des personnes transgenres disparues ces dernières années, mais combien de temps faudra t-il pour que les institutions et les pouvoirs politiques réagissent pour que cesse cette hécatombe ?

Quand on sait que dans la population transgenre, le taux de suicide est sept fois plus élevé que dans la population générale, il est urgent que l’Education Nationale forme son personnel et les corps enseignants dans les établissements du second degré (collèges comme lycées).

Quand on sait que, malgré les nombreux soutiens que cette jeune femme a eu, de la part de ses camarades, de la part de plusieurs enseignantEs de son établissement, ceux-là n’ont pas suffit face à la situation qu’elle rencontrait.

Luna – Avril était une jeune femme qui vivait dans un foyer géré par l’ASE (Aide Sociale à l’Enfance) et qui avait été rejetée de ses parents, elle rencontrait une forte détresse psychologique que personne n’a su voir à temps. Nous le savons, les personnes transgenres et plus particulièrement les jeunes personnes transgenres, doivent faire l’objet d’un accueil bienveillant, sans jugement et doivent être soutenues dans leurs démarches par leurs cadres pédagogiques dont iels dépendent, mais cela n’est possible que par le biais d’une formation permettant ce dispositif de soutien et d’accompagnement. Or malheureusement, il n’existe à ce jour, aucune formation en ce sens proposée par les services de l’Education Nationale à destination des corps pédagogiques. Cette chose permettrait pourtant de faire en sorte à ce que ce genre de drame n’arrive plus.

Jean Michel Blanquer, Ministre de l’Education Nationale, avait annoncé en Octobre 2019, la mise en place d’un groupe de travail afin de proposer des outils à destination des équipes scolaires, afin qu’elles puissent accueillir de façon adaptée les jeunes personnes transgenres, à les accompagner dans un cadre bienveillant et en faisant en sorte que les professionnels du cadre scolaire aient une approche clinique (nldr : réflexion sur la pratique professionnelle permettant de s’adapter à la situation de la personne accompagnée). Or, rien de cela n’a été mis en place à ce jour et c’est ce qui explique en partie, la fin de cette histoire tragique, qui aurait pu être évitée si les efforts nécessaires avaient été déployées depuis le début.

Les conclusions que nous pouvons en tirer est que:

  • la jeune Luna – Avril n’a pas été suffisamment accompagnée dans sa démarche,
  • elle a manqué de soutien de la part du corps pédagogique,
  • elle n’a pas pu bénéficier d’un soutien psychologique adapté et que le manque de formation du personnel a engendrée des propos « maladroits » par faute de connaissance, du rejet qui s’est traduit par une exclusion temporaire de son lycée, pour avoir eu le courage d’être elle-même en portant librement une jupe au sein de l’établissement, à contribuer à sa mort.

Luna – Avril était une jeune femme forte de caractère, courageuse, qui osait s’affirmer, elle avait déjà évoquée ses souffrances à des membres de la hiérarchie de son école, mais cela n’a pas été suffisamment entendu.

Par conséquent, pour qu’un tel drame ne se reproduise plus, Act Up-Paris exige:

  • que l’Education Nationale prenne des mesures pour favoriser l’accueil, l’accompagnement et le soutien des jeunes élèves transgenres dans ses établissements, y compris à travers la formation à destination des équipes pédagogiques,
  • qu’une plus forte sensibilisation sur la prévention du suicide chez les personnes transgenres soit également proposée,
  • et que le Ministre de l’Education Nationale, Jean Michel Blanquer, mette en place ce groupe de travail qu’il avait promis en octobre 2019 afin d’avoir un accompagnement solide à destination des personnes transgenres et ce qu’elles soient hétérosexuelles, homosexuelles, séropositives, séronégatives, racisées, croyantes ou en situation de handicap.

Et s’il y a bien un slogan que nous portons à Act Up et qui résume bien cette affaire c’est : SILENCE = MORT.E