Ce 5 juin 2021, il ne s’agit pas de fêter les 40 ans du sida mais d’honorer la mémoire de nos mortEs et de commémorer nos luttes pour ne pas les oublier et continuer le combat. Lors de sa fondation, Act Up-Paris a annoncé vouloir disparaître lorsque le sida ne sera plus là. Nous sommes toujours présentEs.
Le 5 juin 1981 l’organisme américain de surveillance et de prévention des maladies, le Center for Disease Control, signale une forme rare de pneumonie chez de jeunes homosexuels californiens. Il s’agit de la première alerte scientifique de ce qui deviendra l’épidémie du sida. Très rapidement les mêmes infections opportunistes apparaissent chez les usagerEs de drogues par voie injectable en fin d’année 1981 puis les hémophiles ayant recours à des transfusions sanguines vers le milieu de 1982 et les HaïtienNEs résidantEs aux États-Unis fin 1982. On parle alors de la “maladie des 4H : Homosexuels, Héroïnomanes, Hémophiles, Haïtiens”. Le terme AIDS apparaît en 1982 signifiant sida syndrome d’immunodéficience acquise. En janvier 1983 l’équipe de Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier isole le virus, baptisé LAV, qui pourrait être impliqué dans le sida. En avril 1984, une équipe américaine découvre “la cause probable du sida” nommée HTLV-III. Les virus découverts en France et aux États-Unis s’avèrent être les mêmes et en mai 1986 il prendra définitivement le nom de Virus de l’Immunodéficience Humaine (VIH), il y a 35 ans.
Ce 5 juin 2021, il ne s’agit pas de fêter les 40 ans du sida mais d’honorer la mémoire de nos mortEs et de commémorer nos luttes pour ne pas les oublier et continuer le combat.
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Lors de sa fondation, Act Up-Paris a annoncé vouloir disparaître lorsque le sida ne sera plus là.
Nous sommes toujours présentEs.
La lutte contre le sida a toujours été menée par les personnes concernées, les séropos ont eu et auront toujours leur place au sein de cette lutte. L’autodétermination des personnes vivant avec le VIH est inscrite dans les principes de Denver publiés en 1985 : « Nothing for us without us », « rien pour nous sans nous ». Les séropos se sont battuEs pour leurs droits, leur dignité et leur survie et ont exigé d’être associéEs à toutes les décisions qui les concernent. Le triangle rose d’Act Up, inspiré du triangle des déportés homosexuels mais retourné la pointe vers le haut, est le symbole de cette lutte : renverser le stigmate et lutter contre les discriminations.
Les usagerEs de drogues ont lutté pour obtenir la vente libre de seringues stériles en pharmacie en 1987. Le principe d’inexpulsabilité des étrangerEs malades dont les personnes atteintes du sida, malheureusement de courte durée, est issu de la lutte contre le sida. En 1989, Act Up-Paris est créé et permet à beaucoup de séropos de la 1ère génération de ne plus se sentir seulEs, de se sentir comprisES. La lutte contre le sida a fait émerger la création en 1992 des appartements de coordination thérapeutique dans lesquels les malades pouvaient bénéficier d’une prise en charge médicale et sociale adaptée à leurs besoins.
Les trithérapies arrivent il y a 25 ans, en 1996, en même temps que l’examen de la charge virale et sont une avancée thérapeutique considérable. Cela va permettre à de nombreuses personnes malades de survivre alors qu’on leur avait dit qu’elles-ils étaient condamnéEs.
Act Up-Paris c’est le combat pour l’accès à nos droits sociaux, à la santé, le droit de mourir et de vivre dans la dignité, le droit d’emprunter, le droit de jouir du logement de son ou sa conjointE décédéE, le droit à des soins funéraires obtenus que très récemment…
La lutte contre le sida, c’est aussi la lutte des personnes LGBTQI+, des putes pour travailler sans être contaniméEs pour leurs droits, celle des femmes séropositives d’avoir des enfants sans leur transmettre le VIH, des prisonnièrEs pour leurs droits sociaux et l’accès aux soins de qualité en milieu carcéral, la lutte pour l’accès à la santé, aux soins et aux traitements pour touTEs. La lutte contre le sida est politique, elle n’est pas que médicale elle est aussi sociale, elle lutte contre toutes les discriminations quelles qu’elles soient soient et pour les droits sociaux et de santé de toutes les personnes touchées par le VIH sida.
Il est important de ne pas oublier la dimension communautaire de la lutte contre le sida, par et pour les personnes concernées, de leur redonner la parole dont on les prive depuis trop longtemps et que l’on cesse de parler à leur place.
Alors 40 ans après, n’oublions pas touTEs les survivantEs contaminéEs avant l’arrivée des trithérapies qui vieillissent aujourd’hui avec le VIH car beaucoup ont le sentiment d’être oubliéEs.
40 ans après, n’oublions pas touTEs nos mortEs du sida, nos luttes passées et actuelles et n’oublions pas que le combat continue avec et aux cotés des personnes vivant avec le VIH. Il est temps que nous ayons aussi notre mémorial pour toutes les personnes décédées du sida pour que nous puissions nous recueillir et honorer leur mémoire, comme c’est le cas à New York, à Berlin et récemment à Londres. Il est temps que le centre d’Archives LGBTQI+ voit enfin le jour pour en faire un lieu de transmission, de mémoire et d’information de la lutte contre le VIH-sida et des luttes contre les discriminations LGBTQI+, ouvert à touTEs, et notamment aux concernéEs
SILENCE = MORT
ACTION = VIE
SÉROPOS, RIEN POUR NOUS SANS NOUS
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