En ce 17 mai, journée mondiale de lutte contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie (IDABHOT), Act Up-Paris réaffirme la responsabilité directe du gouvernement Macron dans l’augmentation des attaques LGBTQIphobes. Les données actualisées d’SOS Homophobie confirment ce que nous vivons tous les jours : les années passent, les promesses gouvernementales se succèdent, les agressions, les humiliations et les meurtres s’accumulent dans l’indifférence générale.
Le “Plan National pour l’Égalité, contre la haine et les discriminations anti LGBT+ 2023-2026”, publié en juillet dernier, a confirmé le mépris du gouvernement pour les revendications et recommandations des LGBTQI+ et des associations communautaires. Qui s’en souvient ? Nous oui.
Comme le précédent, ce plan vise à donner un vernis progressiste à un gouvernement qui fait le lit de l’extrême droite. L’exercice est forcément difficile. Au final, il s’agit d’une feuille de route contrainte par les lois racistes et réactionnaires du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, par le despotisme des lobbys abolitionnistes opposés aux droits des putes, par les convictions réactionnaires, spécifiquement homophobes, putophobes et transphobes de ministres impliquéEs. À ce cadre restreint s’ajoute une méthodologie douteuse, bâclée et malhonnête puisque les revendications des associations ont été ignorées. Or, tout ce qui se fait “pour nous”, sans nous, se fait contre nous. La Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH) s’étonne d’ailleurs explicitement dans une évaluation publiée en novembre dernier que le plan 2023-2026 ait été engagé sans même attendre l’évaluation, certes peu flatteuse, du précédent.
Dans un communiqué interassociatif, nous avions alors dénoncé le manque de volonté politique du gouvernement, le contexte étant déjà marqué par une montée inquiétante des violences verbales et physiques à l’encontre des personnes LGBTQIA+, avec un focus particulier, et abondamment relayé par certains medias de théories idéologiques hostiles à la transidentité. Y était également déploré l’absence de toute mention des droits des travailleurSEs du sexe et/ou migrantEs/exiléEs.
Faut-il rappeler qu’en début d’année, tout le storytelling médiatique du remaniement gouvernemental autour de la nomination de Gabriel Attal à Matignon consistait à faire passer son orientation sexuelle pour une “victoire symbolique” ? Il faut avoir de sacrée œillères ou être naïf pour tomber dans le panneau. L’homosexualité d’Attal nous importe peu. Elle n’est un gage de rien, et ne l’a pas empêché de proposer et de s’entourer de ministres issuEs de la Manif Pour Tous (aujourd’hui “Syndicat des Familles”). Lorsque des homo/lesbo/biE/transphobes occupent de hautes fonctions politiques aux côtés de ministres gays déconnectés de la mobilisation associative, l’expression décomplexée des LGBTQIphobies, dans toutes les sphères de la société, se retrouve légitimée.
Le dernier classement ILGA sur les politiques de lutte contre les discriminations des personnes LGBTQIA+ en Europe confirme le recul de la France depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir, passant de la 5ème place à la 13ème place en 7 ans.
Face aux offensives anti-trans, le gouvernement fait l’autruche
Les attaques transphobes menées ouvertement ces derniers mois par des représentantEs politiques de droite et d’extrême droite, orchestrées en amont par des personnalités publiques dont l’unique objectif est de faire émerger une panique morale, ont donné lieu à des séquences surréalistes dans les médias. Face à tout cela, le gouvernement se tait, laisse faire, ce qui pourrait laisser penser une certaine proximité avec les expressions transphobes véhiculées. Qui ne dit mot consent.
Comble du ridicule, deux transphobes compulsifVEs et sur-médiatiséEs ont été reçuEs par Aurore Bergé avant sa nomination comme ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations. En 2012, Aurore Bergé, alors cadre de l’UMP et proche de Valérie Pécresse, était opposée à l’ouverture du droit au mariage et à l’adoption aux couples de même sexe. En 2013, elle changeait d’avis. Elle est aussi responsable de l’exclusion des hommes trans de la loi visant à garantir et à protéger le droit fondamental à l’IVG. Avec un tel historique et de nombreux retournements de veste, comment peut-elle occuper ce poste ? (Lol).
Le Sénat examine le 28 mai prochain la proposition de loi transphobe des Républicains visant à interdire toute transition médicale aux mineurEs. Cette PPL s’inspire en majeure partie d’un rapport LR dont l’essentiel de la réalisation, y compris la gestion des auditions, est l’œuvre des deux directrices de l’Observatoire de la Petite Sirène. La transidentité y est psychiatrisée/pathologisée à outrance, et le plan pour la pédopsychiatrie a des relents de thérapies de conversion. Cette proposition de loi suscite déjà l’inquiétude de la Défenseure des Droits qui la qualifie “de nature à porter atteinte aux droits et à l’intérêt supérieur de l’enfant”.
Pour toutes ces raisons, nous appelons à rejoindre la mobilisation du 26 mai pour les droits trans partout en France.
Les guets-apens homophobes sur les applis de rencontres, “mais que fait la police” ?
Selon une enquête de Mediapart, 300 gays seraient tombées dans un guet-apens homophobe entre 2017 et 2021. Ce chiffre est sûrement sous-estimé compte tenu de la honte ou de la peur ressentie par les personnes à l’idée de dévoiler leur homosexualité, mais aussi du faible nombre de plaintes. Malgré les promesses répétées depuis 2018 de mise en place de référents LGBT dans les commissariats, rien n’a changé. Nous savons, de part notre histoire, que la police n’est pas une alliée et qu’elle perpétue des discriminations LGBTQIphobes dans l’espace public et contre nos lieux de sociabilisation.
Ce phénomène qui n’est donc pas nouveau prend de l’ampleur chaque année sur les applis de rencontres gays comme Grindr ou Coco. La mairie de Montreuil a lancé le 22 avril 2024 une campagne de sensibilisation aux guet-apens gayphobes, seule municipalité à s’en saisir…
Ces derniers mois, Anne Souyris et Ian Brossat ont interpellé le gouvernement sur la situation pour demander une action rapide face à la violence des agressions gayphobes. Pour agir concrètement, en plus de faciliter le dépôt de plaintes et l’accompagnement des personnes qui le souhaitent, l’éducation doit être une priorité pour sensibiliser et lutter contre les LGBTQIphobies dès le plus jeune âge. Au même titre que l’éducation à la sexualité.
Les discriminations font le lit de l’épidémie de VIH-Sida
Documentés depuis des années, les violences LQBTQIphobes entravent l’accès aux droits et à la santé. Isolement, rejet social et familial, dégradation de la santé mentale, mal-être, défiance envers les établissements administratifs et/ou de santé, prise de risques lors de rapports sexuels, addictions… les répercussions de ces violences sont nombreuses et diverses. Il est important de rappeler que toute parole publique LGBTQIphobe a des conséquences sur la lutte contre le VIH-Sida.
Nous exigeons :
> La dépathologisation et la dépsychiatrisation effective des parcours de transition pour les personnes mineures et majeures ;
> L’amélioration des conditions de vie des personnes trans notamment avec le changement d’État civil libre et gratuit sur simple demande en mairie ;
> L’accès à la PMA pour toutes les personnes trans ;
> Une amélioration de l’accès à la PrEP et au TPE pour toutes les personnes trans ;
> La mise en place effective des cours d’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle dans l’ensemble des établissements scolaires ;
> Une formation systématique et effective des personnels pédagogiques et éducatifs en matière d’éducation à la sexualité, sur le consentement, le sexisme, les LGBTIphobies et la sérophobie. Intégrer tous ces modules dans les cursus ;
> Le renforcement de la modération sur les réseaux sociaux en cas de propos LGBTQIAphobes, racistes, antisémites, islamophobes voire complotistes ;
> L’interdiction de l’accès au site de rencontre Coco et l’obligation pour les autres applications de rencontre à diffuser des messages d’alerte et de prévention.