Sidi-Ali est accompagné par la Permanence Droits Sociaux d’Act Up-Paris. Sa vie semée d’embûches l’a conduit à consommer des drogues, vivre à la rue et contracter le VIH. Lâché par les structures qui l’accompagnaient, il réussit à reprendre le combat après sa rencontre avec la Permanence. Sidi-Ali et la Perm, des compagnons de bataille. Récit.

Sidi-Ali : J’essaye de sortir de la drogue depuis plusieurs années. On ne peut pas imaginer la difficulté que c’est d’y arriver. Aujourd’hui, malgré des rechutes, je suis en bonne voie. Et c’est pas un hasard.

Le retour de la confiance

Sidi-Ali : J’y croyais plus. J’ai été hébergé par la Croix-Rouge mais ils ont voulu me mettre dehors. C’était une catastrophe. Pour moi, c’était la fin. Je me voyais retourner à la rue, encore. J’étais prêt à me laisser mourir. Mon éduc de l’époque m’a encouragé à appeler Corinne, co-secrétaire générale d’Act Up-Paris et travailleuse sociale communautaire de la Perm. Je ne voulais pas. Je n’avais plus confiance en rien ni en personne. J’étais trop en colère.

Un jour, même si j’étais désespéré, j’ai quand-même appelé. J’ai eu un entretien avec Nicolas, coordinateur de la Permanence. Tout de suite, les choses ont changé. Dès cet instant, il m’a écouté, il ne m’a pas jugé. J’ai eu affaire à d’autres associations. Aucune ne m’écoutait. On s’est même carrément foutu de ma gueule. Pourtant, c’est essentiel d’être écouté, d’être compris … Nicolas, Corinne et les autres gardent toujours le sourire. Ils respectent une distance très bienveillante, qui nous fait à touTEs du bien. Grâce à tout ça, j’ai commencé à reprendre espoir, à retrouver confiance.

Un soutien administratif et social

Sidi-Ali : Nicolas et Corinne m’ont dit “Tu as des droits”. On m’a expliqué la MPDH, les demandes de logement auprès de la Mairie de Paris … Des choses que j’étais incapable de faire seul. D’abord parce que, franchement, j’y croyais plus du tout. Ensuite, parce que je ne me sentais pas de faire toutes ces démarches.

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Retrouvez ici l’interview de Corinne et Melvin, militantEs de la Permanence Droits sociaux

Sidi-Ali : J’avais déjà vécu dehors. Ils m’ont protégé de la rue. J’ai aussi loué une chambre chez une fille qui prenait aussi de la drogue. J’en ai fini avec ça. Act Up-Paris m’a mis à l’abri. Ils m’ont payé l’hôtel pendant plusieurs mois. D’ailleurs, l’hôtel disait souvent “Act Up, c’est la seule association que j’accepte”. J’ai aussi eu droit à des tickets services, qui m’ont permis de manger. Corinne et Nicolas m’ont aidé pour les demandes d’aides, notamment la CAF. Tout le monde s’est démené pour que je m’en sorte. Tout le monde était là pour moi. J’étais soutenu. On s’est battus. Puis est venu la demande de logement social à la ville de Paris.

Le nouveau départ

Sidi-Ali : Et ça a marché. Quand j’ai appris que j’allais emménager dans un logement, dans mon propre appart, je suis tombé par terre. C’était incroyable. À 50 ans, je n’avais jamais eu mon nom sur une boîte aux lettres. Aujourd’hui, je suis dans mon studio. Mon chez moi.

Nicolas et Corinne m’ont encouragé à aller à l’hôpital pour me soigner. Je l’ai fait. Même ça, avant, j’y croyais plus. En un an, ils m’ont mis à l’abri, ils m’ont soigné, ils m’ont aidé à prendre le traitement contre le VIH.

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Retrouvez ici l’interview de Nicolas et Arthur,
respectivement coordinateur social et travailleur social de la Permanence Droits Sociaux

Sidi-Ali : Je vis seul, alors le mercredi, c’est mon moment à moi. Je vais au local, même si j’ai rien à faire de spécial. On prend un café, on parle, avec Nicolas, Arthur, Julien et les autres, mais aussi avec les personnes suivies par la Permanence. On rigole touTEs ensemble, on rassure les nouve.aux.lles. Je leur dis qu’ici, chacunE sera comprisE et écoutéE.

Grâce à la Permanence, j’ai cloturé 25 ans de prostitution, de vie à la rue … La Permanence, aujourd’hui, c’est ma famille. Act Up m’a sauvé la vie. Sans la Permanence, je ne me serais pas battu. Sans la Permanence, je serais mort.