En hommage aux cofondateurs et aux anciens permanenciers. 1998-2016
Quand en 1998 des membres de la Commission Droits Sociaux gays et séropos prennent la mesure de l’ampleur des difficultés socio-juridiques de leurs pairs : Une allocation, une aide à l’hôpital, une reconnaissance lors d’un décès, une expulsion, des aides sociales qui arrivaient après un décès ; ils décident de créer un nouvel outil animé bénévolement par des PVVIH*.
La Permanence Droits Sociaux des Pairs était née à Act Up-Paris.
Pourtant il aura fallu mener aussi des combats en interne pour que l’outil soit accepté comme faisant partie intégrante des activités de l’association. Certains voyaient dans cet exercice une dilution de l’activité politique au bénéfice d’activités ayant plus trait au traitement de cas individuels.
Sauf que, dans le poids des débats, il avait été mis en avant et en lumière le travail particulièrement notoire de Serge L. de la Commission Prisons qui avait, par le biais d’un seul dossier individuel, établi la prouesse d’atteindre tous les objectifs de la Commission et de l’association sur la thématique et les avait même plus que largement dépassés.
L’outil installé, chacun a trouvé son rôle et sa spécificité.
C’est ainsi qu’au fil des mois, la Permanence a recensé cinq thématiques urgentes qui méritaient d’être politiquement portées en Commission, puis en RH (réunion hebdomadaire-Assemblée permanente d’Act Up-Paris.).
Les membres étaient partis de l’idée qu’il fallait agir sur trois actions : accès aux soins, accès aux droits et en premier à un logement.
Eric D. actupien activiste à la Commission DS et à la Permanence et Conseiller municipal à Clichy (92) a porté le dossier Logement à Bertrand Delanoë, Sénateur de Paris en campagne pour les municipales et ils ont ensemble pensé un outil qui, dès la victoire de Bertrand Delanoë à la mairie de Paris, se mettra en place en regroupant les associations engagées dans le logement des PVVIH* (actuellement 19 associations) et que nous connaissons sous le nom de PILS (Plateforme inter associative du logement Sida) .
Ce dispositif humanitaire extra légal à l’intention des parisiens a permis de loger des centaines de PVVIH* depuis sa mise en place. Actuellement, Act Up-Paris est le mandataire de la PILS à la Mairie de Paris, et du bailleur 3F.
Notre partenariat en matière de logement à la mairie de Paris a perduré avec l’élection de Anne Hidalgo. Au jour le jour, c’est directement Ian Brossat, son Adjoint chargé du logement, qui supervise ce dispositif.
D’aucuns s’interrogent souvent pourquoi les patients ont subitement disparu de la mosaïque associative à l’arrivée des thérapies de 1996.
Après toutes ces années de désolation et de mort, de solitude et de souffrance, de rejet et de condamnations, cette trêve a été vécue comme une première victoire sur le virus. Et restera la seule jusqu’aujourd’hui.
C’est surtout la promesse de ne peut-être pas mourir demain et de profiter intensément de chaque minute de répit, égoïstement et de manière tellement humaine, qui a conduit la grande majorité des séropositifs militants à baisser les armes et à profiter d’une nouvelle donne.
Une trêve trop courte pour certains, mais toujours pas de guérison. Du reste, le mot guérison est tabou en ce qui concerne le VIH.
Pour trop de vieux séropos la qualité de vie n’est pas toujours au rendez-vous. Un corps qui vieillit infecté et traité depuis 30 ans manifeste constamment ses insuffisances, ses maladies, ses douleurs, vitrine des limites du savoir.
Pourtant nous perdons nos reconnaissances, nos allocations et aides. Nous finissons dans l’éloignement, la maladie, la solitude, la précarité.
Le sida tue toujours. Mais combien de fois ?
Rapport d’activité 2016 a télécharger : Permanence_DS-2016
Glossaire :
PVVIH : Personnes vivant avec le virus du SIDA
Chemsex : Sexe sous emprise de substances psycho-actives
PILS : Plateforme inter-associative pour le logement sida
AAH : Allocation Adulte Handicapé
MDPH : Maisons départementales des personnes handicapées