Act Up-Paris à la Marche des Fiertés
40 ans après la première marche parisienne, la marche des Fiertés 2017 part de la place qu’Act Up-Paris, en 1993, a rebaptisé « Place des mortEs du sida ». Cette époque a elle-même fait l’objet d’un film primé à Cannes cette année, portant une vision des luttes d’Act Up-Paris de la première moitié des années 1990. Voilà un contexte qui doit permettre à nos luttes, à leur mémoire, à leur actualité, de prendre la rue ce 24 juin !
La première marche des fiertés du nouveau quinquennat s’inscrit dans un contexte où « l’état de grâce » Macron est des plus inquiétants : le gouvernement accélère encore sur l’autoroute sécuritaire du déversement des mesures de l’état d’urgence dans le droit commun, ce qui frappe directement, tout particulièrement, les migrantEs et les putes. De plus, les réformes par ordonnances, prises pour aller plus loin encore que la loi El Khomri, menacent les vies de beaucoup d’entre nous, en nous pénalisant dans l’accès et le maintien dans l’emploi, en nous incitant à taire qui nous sommes, en nous conduisant à continuer à subir des discriminations ou du harcèlement pour garder un emploi ou un logement.
Dans ce contexte, Act Up-Paris met en avant les difficultés sociales que rencontrent pédés, gouines, biEs, trans, inter, et tout particulièrement les séropos, que les réformes à venir vont exacerber. C’est une étape pour porter dans nos luttes l’urgence de ne pas se laisser enfermer dans l’espace « sociétal », dans lequel trop tentent de nous réduire, et donc l’urgence de donner à lire nos luttes en tant que politiques et sociales, dans lesquelles des dynamiques d’alliance et de coalition ont – encore aujourd’hui – toute leur place.
Nous portons des revendications sociales parce que les séropos vieillissent, ce qui reflète un allongement bienvenu de leur espérance de vie, qu’autour d’une moitié d’entre eLLEux sera retraitée ou atteindra l’âge de la retraite d’ici 10 ans, que leur histoire avec le virus, avec le traitement, avec la sérophobie, ont eu des impacts sur leurs carrières et sur le nombre de trimestres validés, et donc in fine sur la pension de retraite, amenant beaucoup d’entre eLLESux au minimum vieillesse.
Nous portons des revendications sociales parce qu’au delà du seul minimum vieillesse, un quart des séropos a pour seule ressource un minima social, et qu’un cinquième est contraint à des privations alimentaires.
Nous portons des revendications sociales parce que les séropos restent concernés par des problèmes de santé divers, au premier rang desquels cancers et maladies cardiovasculaires, dans lesquels le VIH, l’inflammation chronique, les effets indésirables encore existants peuvent jouer un rôle, et que l’ALD ne suffit pas à éponger les dépenses de santé qui restent à payer de leur poche.
Ces revendications sociales, ce ne sont pas remplacer des cotisations sociales par des points de CSG pour faire baisser les prestations garanties, et sacrifier le droit du travail : bien au contraire, Act Up-Paris exige une revalorisation massive et d’urgence des minima sociaux, un relèvement du plafond de la CMU-C de sorte que touTEs les allocataires de minima sociaux y aient accès, et la fin de tous les restes à charge.
IgnoréEs par le gouvernement, nous le sommes pourtant aussi souvent au sein de nos communautés. L’isolement social, affectif, sexuel frappe plus durement les séropos. Le rejet des séropos se base sur de fausses craintes fondées sur la méconnaissance des risques de transmission. Toutes les études scientifiques montrent pourtant qu’en l’absence d’IST, et à charge virale continument indétectable depuis au moins 6 mois, unE séropositifVE sous traitement et observantE ne transmet pas le VIH par voie sexuelle. Un message qui doit être martelé, être affiché, tout comme les campagnes de prévention et d’information doivent être intensifiées, et rappeler la diversité des outils disponibles (les capotes, les gels, le TPE, la PrEP), et tout comme, face aux files d’attente qui s’allongent dans les centres de dépistage gratuits (Ceggid), les moyens alloués au dépistage, véritable clé pour réduire les contaminations, doivent être amplifiés. Mais le gouvernement, tout entier à ses lubies sécuritaires et ultralibérales, daigne-t-il seulement l’entendre ?
Seul un mouvement d’ampleur a une chance de faire reculer le gouvernement. Nous, pédés, gouines, biEs, trans, inter, séropos, précaires, ignoréEs, folles, savons qu’il en va de nos vies d’en faire partie. Dites-le avec nous ce 24 juin. Rendez-vous Place des mortEs du sida à partir de 13h. Nous partirons de la position 62, du côté pair de la rue Royale, au numéro 2.