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Act Up-Paris décide de rentrer aujourd’hui dans le mouvement social de grande ampleur initié par les gilets jaunes. Émanant d’une colère populaire nourrie par une paupérisation accrue, ce dernier est le fruit de politiques néo-libérales successives, de destruction du bien commun, des gouvernements de 1983 à nos jours.

Ces politiques systématiques empreintes d’idéologies individualistes et xénophobes font le lit de l’extrême droite.

Nous, militantEs d’Act Up-Paris, avons été dans un premier temps méfiantEs et circonspectEs face aux premières images du mouvement qui nous ont confrontéEs à des paroles et des actes LGBTIphobes, racistes, sexistes qui par ailleurs impactent quotidiennement nos corps.

Nous sommes conscientEs que cette violence systémique et structurelle, produite par l’Etat français, récupérée par la droite extrême et les fascistes, nous a poussé d’abord à nous questionner sur ce maelstrom présenté comme « apolitique ».

Alors que nos identités, nos vies, nos sexualités et le VIH-Sida sont éminemment politiques et à l’opposé de toutes pensées excluantes, discriminantes et racistes qui diminuent la dignité humaine !

L’invisibilisation de nos luttes déjà minorées, par les premières manifestations des gilets jaunes, notamment lors des rassemblements Nous Toutes / Nous Aussi  contre les violences sexuelles et sexistes et la journée internationale de lutte contre le sida le 1er décembre, a également contribué à cette méfiance initiale.

Il nous semble essentiel de partager ces constats, car nous savons à travers l’histoire de nos luttes que l’on ne peut pas gagner seul.

Act Up-Paris s’est créé pour répondre à cette colère face au déni, depuis l’époque où il a fallu donner une raison d’exister à nos mortEs. Nous inscrire dans toutes les luttes sociales est une nécessité, car si l’on entend encore que le Sida ne discrimine pas, ce sont les populations les plus précarisées qui continuent d’être contaminéEs.

Nous, association de malades, ne pouvons nous résoudre à rester à distance d’un mouvement populaire.

Depuis le début de l’épidémie de Sida, nous mettons les politiques face à leur responsabilité dans la destruction de nos vies et de celles de nos proches !

La lutte contre le Sida est une lutte de tous les instants. Cette lutte est une lutte pour survivre et agir.

Face à ce gouvernement qui nous stigmatise en tant que séropos, pédés, tox, trans, migrantEs, putes, intersexes, gouines, précaires, raciséEs, face aux pouvoirs publics qui nous épuisent, nous maltraitent, nous isolent et nous assignent parfois dans des quartiers où le racisme d’Etat sévit et où les personnes dépossédées de leurs droits fondamentaux sont méprisées, il est temps de faire front. Maintenant.

L’Etat français fait le lit de l’épidémie de Sida

Act Up-Paris rappelle que les choix politiques néo-libéraux, austéritaires et sécuritaires du gouvernement Macron/Philippe entravent l’accès à la prévention, au dépistage, aux soins et aux droits humains. Ces choix délibérés et pensés comme une mécanique de destruction sociale constituent des facteurs intrinsèques de contaminations.

Le système français de la protection sociale repose sur une répartition des richesses créée par un juste prélèvement de l’impôt. Or, nous assistons depuis plusieurs décennies à un grignotage systématique de nos conquêtes sociales : baisse des APL, suppression de cotisations sociales, suppression de l’ISF.

La Sécurité Sociale reste aujourd’hui le meilleur moyen de donner accès au plus grand nombre à des soins de qualité et gratuits : il est essentiel de défendre ce modèle. Constat est fait depuis la loi Hôpital Patients que l’hôpital public se privatise, soumis à des impératifs de productivité rendant les conditions de travail des personnels de santé invivables. Cette privatisation rampante conduit à une dégradation de la prise en charge et de la qualité des soins, en particulier pour les patientEs séropositiVEs.

Ce n’est pas en économisant sur le dos des patientEs que l’on vaincra l’épidémie de Sida, alors que les chiffres de 6000 contaminations par an sont dramatiquement stables depuis presque 10 ans, et que près de 30% des nouveaux diagnostics sont faits à un stade avancé de la maladie. L’accès au dépistage pour touTEs est un réel enjeu de santé publique et se doit d’être mieux réparti sur le territoire. Rien que sur Paris, l’offre doit être multipliée par trois si l’on souhaite un jour éradiquer l’épidémie de Sida.

Les déserts médicaux, en particulier dans les zones rurales, insulaires ou coloniales éloignent les personnes des soins et participent à l’épidémie de Sida.

La situation actuelle ne peut être résolue que par une augmentation massive des moyens alloués à l’hôpital public : embauche de personnels formés et titulaires ET ouvertures de lits dans les services en tension.

Climat social délétère : trans, pédés, gouines, séropos en colère 

La question sanitaire n’est malheureusement pas notre seule préoccupation.

Les raisons de la colère, pour Act Up-Paris, sont nombreuses et rejoignent les questions sociales portées par le mouvement actuel.

En effet, alors que le non-recours aux minima sociaux est massif et que le montant de l’AAH n’atteint toujours pas le seuil de pauvreté, que les violences contre les travailleurs et travailleuses du sexe explosent, que les violences LGBTIphobes ont connu une recrudescence importante ces derniers mois, la seule réponse du gouvernement est sécuritaire et austéritaire.

Alors qu’on tente de nous vendre une république universaliste avec une supposée « égalité des chances », on ne peut que constater la violence d’un racisme d’État qui s’abat principalement sur les personnes raciséEs des quartiers populaires.

Enfin, la politique migratoire française est de plus en plus réactionnaire avec une augmentation exponentielle des refus de droits au séjour pour soins depuis que des médecins fonctionnaires zéléEs dans l’infamie du ministère de l’intérieur gèrent l’examen des demandes.

Face à ces amers constats, Act Up-Paris exige hélas toujours la même chose depuis 30 ans.

En jaune, en noir, en rose ou en paillettes, nous serons présentEs et nous vous appelons à rejoindre  le mouvement social actuel.