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Le débat sur «lesbiennes et sida» est une sorte de serpent de mer : il revient régulièrement, avec les mêmes achoppements, les mêmes mises à l’écart, et la même absence de conclusions. Dire que les lesbiennes ne se contaminent pas entre elles semble suffisant. Cette affirmation ferme d’emblée la porte à tout débat sur la prévention et la santé chez les lesbiennes.

C’est un fait, les études dont nous disposons sur les transmissions du VIH dans le cadre de rapports sexuels lesbiens sont très peu nombreuses. Par ailleurs, si tout le monde est d’accord pour affirmer que la transmission est théoriquement possible, il est avéré qu’elle est effectivement rare. Mais rare ne signifie en rien inexistante : il existe quelques cas documentés. En outre, dans ce cadre, les études sur les modes de contamination ont longtemps été et restent largement insuffisantes. Ces constats doivent permettre d’ouvrir un champ de réflexion sur la santé des lesbiennes, toujours occulté par un discours dominant. Une étude récente nous donne, cependant, quelques indications précieuses : «plusieurs études à la fois dans des populations d’usagerEs de drogues ou de patients de centres d’IST (mais pas exclusivement) ont montré que les femmes qui ont des rapports sexuels avec des femmes, quelle que soit la manière dont ces femmes se définissent, sont plus à risques d’être contaminées par le VIH que les femmes qui ont exclusivement des rapports hétérosexuels. Nous sommes là dans un apparent paradoxe dont il faut essayer de comprendre quelque chose. Ce sont les modes de vie de ces femmes, leurs pratiques dans l’usage de drogues, dans leurs rapports hétérosexuels plus divers et bien moins souvent protégés qui augmentent le risque, et non leurs relations homosexuelles qui pourtant sont ce qui les définit comme groupe. Il est tout à fait fondamental de prendre en compte cet élément» (texte de Brigitte Lhomond, sociologue au CNRS de Lyon, présenté aux États Généraux de Aides de mai 2002). Parce qu’on les informe moins, que leur relation au monde de la santé et de la gynécologie est moins prise en compte, elles ont tendance à moins se protéger dans leur relations sexuelles, hétéro comme homo ; ou dans leur usage de drogues.

Gynécologie

En général, les lesbiennes restent imperméables à des discours de prévention qui s’adressent à d’autres, mais qui pour autant, les concernent au premier chef. Sur la question des IST, sur tout ce qui relève de la gynécologie, et aussi, semble-t-il, à l’égard du VIH, les lesbiennes doivent aussi faire face au risque. Rares sont celles, par exemple, qui connaissent et appliquent le principe d’une visite gynécologique de contrôle par an. Et sur ce sujet, se pencher sur les discriminations spécifiques dont les lesbiennes sont l’objet ne suffit pas. Bien entendu la lutte contre la discrimination, et contre une société patriarcale et homophobe reste nécessaire, parce qu’elles entraînent pour une large part l’exclusion des lesbiennes de la prévention. Mais lutter contre cette discrimination n’est pas tout. Ce qui nous intéresse aujourd’hui, ce sont les moyens qui nous permettent de nous protéger, que ce soit lorsque nous couchons avec nos amantes, avec nos amis, ou que nous nous shootons. Pour nous, militantes d’Act Up-Paris, il s’agit aujourd’hui de développer un discours sur la prévention du sida, mais aussi des IST, bref, sur les lesbiennes et leur santé. Rejoignez-nous. double.jpg