Au Costa Rica, la multinationale pharmaceutique américaine Bristol-Myers-Squibb a déposé un recours administratif visant à empêcher les centres publics de santé de se fournir en d4T – un médicament anti-VIH majeur – auprès du fabricant national, qui offre un prix inférieur de plus de 40% au prix pratiqué par BMS. Pourtant, BMS ne jouit même pas d’ un brevet ou d’une licence sur la d4T au Costa Rica.
Au Ghana, Glaxo-Wellcome, laboratoire d’origine britannique, a menacé un fabricant indien de poursuites judiciaires pour avoir proposé un combiné AZT + 3TC à un programme d’accès aux traitements VIH/SIDA concernant quelques dizaines de personnes.
Depuis des années, les malades des pays en développement demandent aux laboratoires occidentaux d’adapter leurs tarifs aux capacités de paiement, ou bien de consentir à octroyer des licences sur les brevets qu’ils détiennent dans les pays que les multinationales ne considèrent pas comme solvables, afin de pouvoir malgré tout garantir aux malades un certain accès à ces médicaments essentiels.
Les laboratoires occidentaux s’y sont systématiquement refusés, arguant du fait que le problème viendrait de la faiblesse des dépenses de santé dans les PVD, pas des tarifs qu’ils pratiquent. Dans des pays où le PNB par habitant atteint rarement $1000 par an, et où jusqu’à 36% de la population adulte peut être infecté, quel espoir y a-t-il pour les dizaines de millions de séropositifs dont les laboratoires feignent d’attendre qu’ils trouvent $10,000 par an pour une trithérapie ?
Les géants pharmaceutiques ont une responsabilité de santé publique : il est intolérable qu’ils cherchent à empêcher les malades des pays pauvres d’avoir accès aux médicaments moins chers de leurs concurrents locaux. Nous en appelons aux pouvoirs publics et à l’opinion pour sanctionner immédiatement de tels agissements, causant directement la mort de milliers de malades du sida, agissements qui sont inacceptables de la part d’entreprises soi-disant éthiques.