Depuis des années, l’Organisation Mondiale de la Santé oppose une résistance active et criminelle a la distribution de traitements antirétroviraux dans les pays pauvres.
En mai dernier, les Etats membres de l’Assemblée Mondiale de la santé mandataient l’OMS pour accélérer le processus qui doit permettre l’accès aux traitements et la prophylaxie du VIH. La mission qui lui était confiée comprenait entre autres « la réactualisation des bases de données existantes, afin que les Etats membres puissent disposer de toutes les informations sur les prix des médicaments essentiels, y compris des traitements VIH ». Elle exigeait surtout que l’OMS mette tout en œuvre pour « favoriser les politiques d’accès aux génériques », « encourager les productions locales et les importations parallèles », conformément aux accords internationaux sur le commerce. Deux mois plus tard, nous ne voyons rien venir.
– 1. Deux antirétroviraux seulement figurent dans la liste des médicaments essentiels produite par l’OMS. Mais ils sont exclusivement réservés a la prévention de la transmission materno-fœtale du VIH. Aujourd’hui encore, l’OMS ne reconnaît pour essentielle que la prévention, au détriment des soins.
– 2. La base de données actuellement disponible sur le site web de l’OMS est scandaleusement incomplète : les références aux producteurs des médicaments sont absentes ; les antirétroviraux génériques sont totalement occultes.
– 3. L’OMS a jusqu’à présent refuse de diffuser et de promouvoir ses propres recommandations sur la prophylaxie par le cotrimoxazole.
– 4. L’OMS n’a toujours pas diffuse sa propre brochure d’information sur les accords TRIPS, qui explique notamment aux gouvernements les possibilités de recours aux licences obligatoires et aux importations parallèles. Les groupes activistes en sont venus a distribuer eux-mêmes cette brochure aux délégations des Etats membres de l’Assemblée mondiale de la Santé, pour faire connaître un document que l’OMS refuse d’assumer.
– 5. Il y a encore deux jours, après que l’ONUSIDA a démontre, au cours d’un satellite meeting, que la mise en concurrence des génériques et des produits de marques aboutissait systématiquement a des baisses substantielles des prix, M. Tarantola, conseiller politique de Mme Brundtland, a tenu a rectifier le tir : « le prix des antiviraux est l’arbre qui cache la foret ». Et d’exposer avec complaisance la liste des pré-requis a la distribution de traitements : eau, hygiène, nutrition, droits de l’Homme etc. On aimerait que l’OMS renonce a sa vision caricaturale des pays en développement, et cesse d’imaginer ces pays comme de vastes terres désolées, plongées dans l’obscurantisme et peuplées de miséreux.
L’OMS est un frein dans le combat mène par les malades du sida, certains Etats du sud, et même l’ONUSIDA, pour la reconnaissance des médicaments génériques, le soutien a ceux qui les produisent et la circulation de l’ information a leur propos. Elle l’est aussi pour tout ce qui concerne la baisse des prix des médicaments de marque. C’est que l’OMS ne sait pas et ne veux pas travailler en dehors de la logique ordonnée par les multinationales pharmaceutiques. Entre les malades et les laboratoires, elle a choisi son camp.