Depuis plusieurs numéros de Protocoles, nous nous intéressons au New Fill. Une fois encorel’actualité qui entoure ce ce produit mérite que nous nous y arrêtions.
résumé
Pour de nombreux séropositifs dont le visage a perdu toute la graisse, il ne reste souvent qu’une possibilité : la chirurgie réparatrice. Dans la communauté, on parle de plus en plus du New Fill, un produit de comblement produit par le laboratoire Bio Tech, qui est injecté sous la peau par les dermatologues afin de remplir les joues des personnes lipodystrophiées. Le problème, c’est que les dermatologues ne sont pas tous formés pour cette pratique et surtout, le produit est cher. Il en va de 10.000 F environ pour 5 séances. Les associations sont mobilisées pour suivre le développement de cette technique et voir si un remboursement est possible par la Sécurité Sociale.
mode d’emploi
En effet, Aides a déjà reçu le témoignage d’un malade qui a obtenu de sa caisse le remboursement d’une série injection de New Fill. L’assistante sociale a monté un dossier d’aide financière à la sécurité sociale (fond de secours). Les deux raisons invoquées pour la demande d’aide exceptionnelle : détresse psychologique (certificat médical du médecin VIH) et détresse financière (justificatif de ressources). Il a suffit d’indiquer le nom du produit, du dermatologue et le prix (dans ce cas précis, le dermatologue demandait 9600 F pour six cures). La sécurité sociale a accepté et a contacté le médecin qui s’est fait rembourser directement (il a retourné au centre de sécu une facture).
précautions
Reste que ce dossier n’est pas simple. Lors de deux réunions avec le TRT-5, le laboratoire Bio Tech a montré sa grande méconnaissance de la communauté sida : communication étrange et épidermique (sans jeu de mots), données insuffisantes sur l’efficacité du produit, manque de relais avec les médecins et dermatologues spécialisés dans le VIH, etc… Bref, on nous demande de faire pression sur les pouvoirs publics pour obtenir un remboursement du New Fill, ce que nous voulons bien faire, mais nous voulons être certains que ce produit est sans danger, même sur le long terme, et nous voulons avoir l’assurance que les dermatologues seront bien formés car le geste chirurgical est délicat (il s’agit d’une petite opération, sans anesthésie, un peu douloureuse mais qui, bien faite, ne devrait pas provoquer d’œdèmes).
perspectives
Pour l’instant, la directrice du produit chez Bio Tech, le Dr Elisabeth Laglenne, s’est chargée de l’ensemble des prescriptions, et pour la plupart dans le cadre d’un compassionnel, ce que nous saluons. Mais la demande est forte auprès des séropositifs et ce dispositif ne pourra pas durer bien longtemps. Il est donc important que d’autres médecins puissent prendre le relais, dans l’attente d’un décret qui permettrait le remboursement du produit et des frais du dermatologue. Ce cas est en outre nouveau dans le domaine du sida car le New Fill n’est pas un médicament comme les antirétroviraux, c’est un produit médical et il obéit à d’autres régularisations en termes de remboursement et d’AMM. Nous espérons organiser, dans les semaines qui viennent, une réunion au Ministère de la Santé pour faire avancer ce dossier, afin que l’ensemble des séropositifs qui le souhaitent, riches ou non, puissent avoir accès au New Fill.