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Depuis 1994, la France s’est dotée d’une loi qui, dans son esprit, vise à instaurer en prison » une continuité et une prise en charge équivalente avec l’extérieur de la prison ». Pour ce faire, cette loi a décidé que les infirmeries gérées par l’Administration Pénitentiaire seraient remplacées par des Unité de Consultation et de Soins Ambulatoires (UCSA), rattachées à l’hôpital ? à l’exception notable des infirmeries des prisons semi-privées de type 13 000. Mais les difficultés d’accès à la santé restent encore trop intolérables pour les détenus : une politique de soins ne se limite pas au simple accès aux médicaments, aussi performant soit-il.
La restriction des droits en milieu carcéral et les conditions générales d’incarcération pèsent ainsi lourdement sur la santé des détenus malades. Etre atteint du VIH, ou de toute autre pathologie grave n’est, en l’état actuel des choses, pas compatible avec la vie en détention. D’abord, parce que l’environnement de la détention (la promiscuité, le manque d’hygiène, les horaires de la prison, le stress) ne permet pas de faire face aux difficultés médicales et sociales qu’engendrent la séropositivité, les traitements et leurs effets secondaires. Ensuite, parce que la vie en détention a un coût, d’autant plus élevé lorsqu’on est malade, et alors même que l’on ne peut pas travailler et que les aides sociales disparaissent presque intégralement lors de l’incarcération. Enfin, parce que l’information aux détenus sur leurs droits sociaux et médicaux reste encore trop sommaire, et que l’application de ces droits demeure trop aléatoire.
De nombreuses révélation publiques ont dernièrement insisté sur l’état lamentable des conditions de détention en France. Aboutiront-elles à ce que les pouvoirs publics réagissent enfin ? On peut raisonnablement en douter : la directrice de l’Administration Pénitentiaire se réfugie hypocritement derrière le secret médical – qui empêcherait de connaître l’état de santé des prisonniers – et la prochaine loi sur les droits des malades n’abordera pas le sujet de la santé des détenus…
Ce numéro d’Action = Vie a pour objectif de vous permettre de réagir à la fois plus rapidement et plus efficacement pour maintenir vos droits : il expose les différentes allocations que vous pouvez percevoir en détention, et les voies de recours qui se posent à vous si vous subissez une détérioration de votre état de santé. Nous souhaitons donc que chaque détenu puisse consulter cette brochure dans toutes les unités de soin des prisons françaises ? n’hésitez pas à nous écrire si vous ne pouviez pas avoir accès à cette brochure.
Pour le bon déroulement de vos démarches administratives, n’hésitez en outre pas à demander le soutien des travailleurs sociaux des SPIP (Service Pénitentiaire dInsertion et de Probation), qui ont également pour mission de vous aider dans vos démarches. Et, surtout, si vous rencontrez des problèmes en ce qui concerne votre état de santé en détention, saisissez l’IGAS – nous vous soutiendrons dans vos démarches.