Dans un courrier qu’il nous adresse, le laboratoire Abbott nous fait remarquer que nous avons laissé passer quelques coquilles à propos d’un de leurs produits phares du moment : Kaletra®.
glissade
La frénésie du bouclage nous a fait placer cet inhibiteur de protéase dans la catégorie des inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse dans notre tableau récapitulatif des appellations des médicaments antiviraux. Nous prions nos lecteurs de bien vouloir nous excuser pour cette bourde.
désaccord
Mais le laboratoire nous interpelle aussi sur le commentaire quelque peu lapidaire que nous faisons à propos de cette même molécule dans la présentation des résultats de la conférence d’Athènes. Abbott cite deux exemples d’essais cliniques ayant conclu d’une part à l’efficacité supérieure de Kaletra® par comparaison à Invirase® chez des patients pour qui il s’agit d’un premier traitement et d’autre part à l’intérêt de cette molécule chez des patients en échec multiples et résistants aux inhibiteurs de protéase déjà utilisés. Nous en prenons bonne note et nous nous empressons de vous faire part, chers lecteurs, de notre commentaire.
Alors, avons nous été tête-en-l’air en écrivant ce commentaire peu enthousiaste ? Peut être pas. Comme vous le savez, notre commentaire est celui de personnes atteintes et non pas de cliniciens avides de chiffres et de statistiques. Et lorsqu’il nous faut commenter en quelques lignes nos impressions sur l’ensemble des travaux présentés dans une conférence, tenir compte du contexte général et y aller de notre sensibilité de malades, parfois, nous donnons priorité à ce dernier point.
Alors, prenons le contexte : on est en attente de molécules pour les personnes qui sont en échappement, on a de plus en plus de mal à supporter les effets secondaires et tout particulièrement les lipodystrophies et, depuis quelques conférences, on voit arriver un certain nombre de molécules nouvelles, prometteuses. Mais la jungle des conférences est redoutable à qui ne sait pas décoder et l’on voit des résultats parfois à la limite de la contradiction selon celui qui les présente. C’est pourquoi nous apprécions plus particulièrement les synthèses générales sur les nouvelles molécules qui permettent une comparaison plus objective, que la foison d’essais cliniques en tous genres. C’est ainsi qu’on découvre parfois une molécule qui, certes comme le dit Abbott, la tête dans le guidon, n’est pas mal du tout, et même plutôt bien, mais dont on nous annonce aussi qu’elle n’a pas de meilleurs résultats en matière de remontée de cholestérol et de triglycérides que les autres. Alors, tout en sirotant un chocolat chaud à l’aspartam avec une brioche au yaourt et de la margarine allégée, on ne saute pas de joie.
Par ailleurs, la comparaison avec le saquinavir (Invirase®) est tout de même un peu facile. Car nous n’avons pas non plus commenté, faute de place, cette présentation d’Athènes qui montrait que le saquinavir accompagné d’une dose booster de Ritonavir® est une alternative tout aussi intéressante. Et pour qui connaît la longue histoire du saquinavir, il n’est pas surprenant qu’administré sans booster, il ait une efficacité moindre.
Reste le problème des virus résistants. Nous nous réjouisssons de savoir que le Kaletra® est efficace en essai clinique après 48 semaines chez des personnes en échappement préalable. Nous avons simplement été moins enthousiastes à la vue des profils de résistance du Kaletra® par comparaison à ceux des antiprotéases à venir tels l’atazanavir ou le tipranavir.
Alors, quand on doit résumer le produit en quelques lignes, que peut-on dire ? Bon produit, monsieur Abbott, mais on aimerait bien retrouver une charge virale indétectable à perte de vue à coup sûr en changeant de traitement, l’épreuve redoutée pour tout malade qui a déjà essayé pas mal de produits et essuyé un peu tous les types d’effets secondaires. Et on voudrait retrouver aussi son ventre plat et ses abdos en tablette de chocolat, même en mangeant de la brioche au beurre !