Act Up-Paris demande la révision du procès de Philippe Mangeot
La cour d’appel vient de confirmer la condamnation de Philippe Mangeot, président d’Act Up-Paris, a 30 000 francs d’amende pour infraction à la législation sur les stupéfiants. La justice lui impute la responsabilité d’un tract, distribué par Act Up-Paris en août 1997, intitulé » J’aime l’extasy « .
Il s’agit là non seulement d’un jugement idéologique, mais d’une manipulation judiciaire :
1. Un jugement idéologique. On se souvient de l’indignation que ce procès, purement politique, avait soulevé : 111 personnalités, suivies par des milliers de pétitionnaires, avaient apporté leur soutien à Philippe Mangeot en assumant publiquement avoir consommé des produits illégaux : » ce risque, je le prends « , disaient-ils, bravant l’article L630 du code de la santé publique. Cette mobilisation n’aura pas suffit : il est toujours impossible, en France, de parler des drogues autrement que dans les termes qu’impose la loi – autrement que dans le langage de la police, de la psychiatrie ou de la morale. Tout le monde sait pourtant, y compris dans les institutions, que la » guerre à la drogue » est inique, inefficace et meurtrière : son seul effet, loin d’avoir tari les trafics, est d’avoir rempli les prisons et permis la propagation des virus du sida et de l’hépatite C.
2. Une manipulation judiciaire. Ce scandale politique se double d’un scandale judiciaire. Pour appliquer cette législation absurde, la justice française fabrique des preuves et invente des responsabilités de circonstance :
Cette décision de justice s’appuie sur des faux. Lors de son procès, Philippe Mangeot et son avocat n’ont cessé de répéter, preuves à l’appui, qu’il n’était, au moment des faits, ni » responsable légal de l’association « , ni » responsable de la rédaction et des publications de l’association » ; c’est pourtant à ce titre qu’il est aujourd’hui condamné…
L’idéologie rend-elle sourd ? Il faut le savoir : quand la justice française n’a pas de preuve, elle les fabrique.
Cette décision invente une responsabilité bâtarde, inédite, et lourde de conséquences. Philippe Mangeot est condamné pour des faits qu’il n’a pas commis, et au titre d’une fonction officieuse, mentionnée sur un document interne datant de… 1993 ! Qu’on se le dise : aujourd’hui, n’importe quel militant de n’importe quel groupe anti-prohibitionniste peut être inquiété par la justice, même quand il n’exerce aucune responsabilité pénale, au titre de son engagement personnel.
La décision de la cour d’appel va donc au delà d’une simple application de la loi de 1970 et de l’article L630. Cette affaire montre qu’en matière de stupéfiants, le seul souci de la justice française est de faire des exemples, quitte à inventer des preuves. Elle veut faire de Philippe Mangeot le bouc émissaire de sa propre incurie.
Nous ne le permettrons pas.
Les militants d’Act Up-Paris exigent la révision du procès de Philippe Mangeot, l’abrogation de l’article L.630 de la santé publique et l’abrogation de la loi du 31 décembre 1970.