Aujourd’hui, 15 juillet, 15 militants d’Act Up-Paris se sont rendus au siège social des laboratoires Abbott à Rungis.
Ils ont commencé par occuper le hall d’entrée et crié :
» Le Norvir® en sirop, punition des séropos » et » Mieux que le Norvir®, Abbott nous fait vomir « .
Ils entendaient ainsi protester contre les Laboratoires Abbott.
Ce n’est pas la première fois que Abbott profite des mois d’été pour prendre les malades du sida en otage.
En juillet 1998 déjà, pour des raisons de fabrication, les laboratoires Abbott arrêtent la production du Norvir® en gélules, son antiprotéase, pour des problèmes de cristallisation. Pour ne pas perdre une molécule, dans un champs où les possibilités sont restreintes, le seul recours est de continuer son traitement avec la version sirop : celui-ci a un goût absolument infect qui ne s’estompe qu’au bout de quelques heures, il doit être dosé avec une seringue, il doit être pris deux à trois fois par jour, et ne supporte aucune température supérieure à 25°.
Pour toutes ces raisons, la prise de ce traitement présente des difficultés d’observance : difficile, le soir, parmi ses amis ou bien au restaurant, de sortir sa bouteille et d’y plonger une seringue dégoûtante de sirop cristallisé. Difficile, en été, en vacances, de ne fréquenter avec son médicament que des lieux où la température est inférieure à 25°. Difficile enfin d’absorber ce sirop qui laisse dans la bouche et dans la gorge un goût extrêmement amer persistant sur plusieurs heures. Nombreux sont ceux qui renoncent à la prise du soir ; d’autres injectent le sirop dans des gélules vides qu’ils transportent toute la journée dans leur poche et le soir c’est l’équivalent d’un placebo qu’ils ingurgitent.
Abbott avait pourtant promis ces gélules pour fin juin. Ils l’ont annoncé aux membres de l’ensemble des associations de lutte contre le sida et Hélène Berruée l’a répété à plusieurs reprises lors de conversations téléphoniques avec Act Up-Paris. Sauf que les gélules n’arriveront en France seulement qu’à la mi-juillet (et là encore ce n’est qu’une promesse) c’est à dire qu’il faut compter une dizaine de jours pour que les malades puissent y avoir accès en ATU nominative. De nombreux malades sont d’ores et déjà partis en vacances avec le sirop dans leur sac.
Abbott France met toute la responsabilité de ce retard sur le dos de la maison mère américaine. Les médicaments sont prêts, auraient pu arriver plus tôt, mais, paraît-il, les américains partent plus tard en vacances, Abbott USA n’aurait pas compris la demande d’Abbott France… Abbott considèrent sans doute que les malades du sida n’ont pas à partir en vacances.
Cette nonchalance va coûter cher aux malades : c’est en vacances que l’on souhaite parfois oublier être malade, c’est pendant ces vacances qu’ils pourront le moins l’oublier.
Act Up-Paris exige une accélération réelle de la mise à disposition des gélules de Norvir®.
Act Up-Paris entend défendre le droit des malades et exige que le laboratoire Abbott cesse de prendre à la légère la qualité de vie des malades du sida.
Act Up-Paris surveille les laboratoires Abbott.