Son objectif : libérer 3 milliards d’euros pour la Sécurité Sociale. Sa stratégie, Jean-François Mattéi l’a vite choisie : faire payer les malades en remboursant moins les médicaments. Pendant ce temps, les industriels restent libres de poursuivre leur marketing effréné sur les médecins afin d’imposer les prescriptions les plus nombreuses possibles, avec les conséquences que l’on connaît en termes d’effets secondaires évitables et de mauvaises prescriptions. Quand le gouvernement se décidera-t-il enfin à assumer le fait que la santé n’est pas une marchandise, et à stopper les pratiques commerciales dangereuses des laboratoires pharmaceutiques ?
Nombreux sont les cas de malades du sida suivant un traitement efficace sans effets secondaires importants, qui se sont vu prescrire par leur médecin le dernier traitement à la mode en l’absence de toute nécessité médicale, et qui ont ainsi « grillé » trop tôt leurs « cartouches » thérapeutiques (les médicaments anti-VIH ayant toujours une durée de vie limitée). Et pour cause : la France est le pays où le marketing des industriels du médicament est le plus frénétique – un marketing qui porte d’ailleurs ses fruits, les ventes de médicament atteignant en France, devant même les Etats-Unis, 2% du PNB.
La France est ainsi le premier pays au monde par le nombre de VRP pharmaceutiques (1 pour 3 000 habitants), pour un coût de 2.5 milliards d’euros annuels (source SNIP). Les laboratoires ont par ailleurs dépensé 500 millions d’euros en 2001 en campagnes publicitaires – dont la cible principale sont nos médecins. De plus, ils reconnaissent consacrer au moins 200 millions d’euros en cadeaux divers aux prescripteurs, tels que séminaires gratuits aux Seychelles et autres ordinateurs personnels. Soit en tout un coût social déjà supérieur au trou de la Sécurité Sociale. Mais pendant que les ventes explosent, sur-prescription et mal-prescription continuent de progresser et de mettre en danger la santé des malades.
Act Up-Paris exige du gouvernement :
– Une prise de position claire et nette que le médicament ne peut pas être traité comme une simple marchandise;
– L’interdiction totale de la publicité sur les médicaments, y compris la publicité en direction des médecins et y compris le boniment des VRP pharmaceutiques ;
– L’engagement de l’Agence du Médicament et de l’Ordre des Médecins à assurer l’accès des médecins prescripteurs à une information médicale impartiale et scientifique (plutôt que mercantile et malhonnête).