Entre les présidentielles et la fin juin 2002, Act Up-Paris s’est investi dans une structure hétéroclite, baptisée Toute la Gauche.
Plate-forme créée après le scrutin du 21 avril, Toute la Gauche a rassemblé des revues (Vacarme, Multitude, Mouvements, Regards, Transversales, Chimères), des partis politiques (Les Verts, PC, PS, PRG), un syndicat (CGT), des mutuelles (Mutualité Française, Fédération des Mutuelles), des associations (dont Act Up-Paris) et des individus. Un premier meeting, la réunion de loin la plus intéressante, avait rassemblé 1000 personnes au Palais de la Mutualité, à la veille du second tour des Présidentielles.
Pour Act Up, il était nécessaire de construire des alliances avec toutes les forces qui allaient se retrouver dans l’opposition gouvernementale : une majorité de droite, élue sous la pression du Front National, menaçait immédiatement, nous en avons eu la preuve depuis, toutes les minorités et les avancées faites en matière de lutte contre le sida.
La confusion dans laquelle se trouvaient les partis de gauche, mais aussi l’ensemble du monde associatif, Act Up inclus, a permis ce genre de rapprochement qui brouillait pendant un temps la séparation traditionnelle des tâches : aux politiques la gestion quotidienne, aux associations le rôle de témoin et d’aiguillon de la société. Malheureusement, les bonnes vieilles pratiques ont vite repris le dessus. Noël Mamère s’est réapproprié maladroitement l’initiative dans une interview, obligeant d’autres signataires à un correctif public. Christianne Taubira a retiré sa signature. L’idée même de minorités continue d’effrayer des membres du PC, du PS ou du PRG, qui persistent dans la défense d’une égalité républicaine totalement abstraite.
Ce parcours chaotique a abouti à une réunion pathétique, le 30 juin. Nous demandions encore et toujours que Toute la Gauche agisse en fonction de l’urgence de la répression et soutienne ceux et celles qui en sont victimes. On nous a alors répondu qu’il était d’abord nécessaire de passer par un «inventaire» des partis de la gauche plurielle, PS en tête, avant d’agir dans la société.
Entre temps, nous avons tenté d’être présents sur tous les fronts : auprès des détenuEs, des sans-papiers, des prostituéEs, à Dammarie-Les-Lys, cité laboratoire de la politique de Sarkozy, etc. Cela nous prend du temps et de l’énergie. Nous n’en avons pas à consacrer à des personnes ou à des partis politiques qui n’ont toujours rien compris, qui estiment urgent de faire leur autocritique en prévision des prochaines échéances électorales (dans 5 ans) et qui abandonnent les minorités, tout comme ils les avaient négligéEs quand ils étaient au pouvoir. Nous ne sommes plus de toute cette gauche-là.