Aujourd’hui une vingtaine de militants d’Act Up-Paris ont ensanglanté la façade de l’ambassade de Suisse pour protester contre l’attitude criminelle de ce pays qui tente de bloquer l’accès aux médicaments génériques pour les pays en développement.
Lors de la Conférence Interministérielle de Doha, les Etats membres de l’OMC, dont la Suisse, se sont engagés à permettre, avant fin 2002, l’exportation des médicaments génériques vers les pays ne disposant pas de capacité de production. Lors du dernier Conseil des ADPIC[[ADPIC : Accord sur les Droits de la Propriété Intellectuelle appliqués au Commerce]] (25 au 27 novembre) les Etats du Nord ont cherché à revenir sur leurs engagements. Aujourd’hui, à la veille de la date butoir, les négociations sont toujours dans l’impasse. La Suisse, qui partage la ligne dure conduite par les Etats-Unis exige une restriction du champ sanitaire concerné – uniquement aux pandémies comme le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose – niant ainsi l’esprit même de la déclaration de Doha qui reconnaissait l’impact désastreux de l’application de l’accord ADPIC sur la santé publique des pays en développement. La Suisse s’est également prononcée pour une limitation du nombre des pays pouvant bénéficier de génériques via l’exportation, excluant d’office tous ceux qu’elle n’estime pas assez pauvre. Enfin, dans les rares cas où la Suisse autorise l’exportation de génériques, elle impose un arsenal de conditions restrictives à l’exportation. La Suisse, qui accueille le siège de l’OMPI[[OMPI : Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle]] , mais également de nombreuses industries pharmaceutiques (Roche, Novartis) détentrices de brevets, s’oppose ainsi au droit des pays en développement à lutter efficacement contre les problèmes de santé qui menacent leurs populations. Contrairement à l’OMS, à la France, à la Belgique, aux Pays-Bas et au Parlement européen qui soutiennent la position des pays en développement, la Suisse a choisi de prendre le parti de son industrie pharmaceutique au détriment des malades des pays en développement. 14 millions de personnes meurent tous les ans de maladies infectieuses qui peuvent être prévenues ou traitées. La traduction de la globalisation des échanges commerciaux par la mise en place de réglementations internationales ne peut se réduire à la protection de l’intérêt de quelques multinationales au détriment de la santé du plus grand nombre. Act Up-Paris exige que la Suisse cesse de faire pression sur les pays en développement afin que tous puissent fournir des traitements à leurs populations aussi rapidement et simplement que s’ils étaient en mesure de les produire eux-mêmes.