Depuis plus de cinq ans, les responsables politiques français tiennent un discours sans ambiguïté sur la nécessité de donner accès aux médicaments contre le sida dans les pays en développement. S’exprimant à Abidjan en 1997, Jacques Chirac s’était engagé « à tout mettre en œuvre pour permettre l’accès aux antirétroviraux dans les pays du Sud ». Dans les faits pourtant, la politique française est en totale contradiction avec ces discours, qu’il s’agisse du financement de l’aide au développement, de la lutte contre le sida ou de l’accès aux traitements dans les pays pauvres. En juillet 2002, lors de la XIVème Conférence internationale sur le sida, nous attendions du ministre de la Santé, venu représenter Jacques Chirac, un engagement financier en faveur de l’accès aux traitements contre le sida enfin en adéquation avec les besoins et les ressources françaises. Il n’en a rien été. La contribution de la France au Fonds Mondial ne s’élève aujourd’hui qu’à 50 millions d’euros par an, soit 0,5% de la somme nécessaire au fonctionnement prévisionnel du Fonds Mondial.
La faisabilité et l’efficacité de l’accès aux médicaments dans les pays à ressources limitées ont été démontrées et les acteurs de terrain ont développé des modèles de prise en charge et d’intervention. Il est aujourd’hui possible de stopper l’hécatombe et la propagation de l’épidémie, pour peu que les moyens financiers soient engagés par les pays riches.
Le G8 qui se tiendra à Evian en juin 2003 sous la présidence française doit être l’occasion, pour les pays riches, de consentir enfin à un engagement réel. La France, de son côté, peut et doit s’engager à contribuer à l’effort international à hauteur de 1 milliard d’euros.