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La situation est de plus en plus alarmante pour les prostituéEs. Et à Lyon comme à Paris, les positions défendues par le Parti Socialiste offrent un soutien objectif à la droite sécuritaire. Aux dépens des prostituéEs.

À la veille du passage du projet de loi sur la sécurité intérieure de Nicolas Sarkozy à l’Assemblée nationale les exactions policières commises à l’encontre des prostituéEs se généralisent. En particulier et plus violemment, dans deux municipalités socialistes, Lyon et Paris. A Lyon, un arrêté municipal anti-prostitution a été pris en juillet 2002 par Gérard Collomb, maire PS. L’exercice de la prostitution est désormais interdit à 100 mètres des établissements scolaires et dans certaines zones englobant des axes de circulation et des lieux de prostitution. Ce sont strictement les mêmes mesures que celles prises par plusieurs municipalités de droite comme Orléans, Strasbourg ou Nice.

Sous le prétexte fallacieux du maintien de l’ordre public et de la tranquillité des riverains, ces mesures répondent à la même hystérie sécuritaire, et ce, au mépris des prostituéEs et de la santé publique. En effet, dans ces villes, on assiste à un déplacement de la prostitution aux périphéries de l’espace urbain. Les prostituéEs sont alors condamnéEs à la clandestinité et à l’invisibilité, sans accès aux actions de prévention et de soutien. La négociation du préservatif face aux demandes de pratiques non protégées devient plus difficile et les risques d’agressions augmentent. Avec ces mesures, la municipalité lyonnaise a anticipé la politique de Nicolas Sarkozy.

Paris, capitale de la répression

À Paris, nous avons interpellé deux fois Anne Hidalgo, première adjointe au Maire, sur les pressions que subissent les prostituéEs, comme la confiscation de préservatifs et de traitements antirétroviraux, l’aspersion au gaz lacrymogène ou le refus d’enregistrer des plaintes pour viol. À la tête du comité de pilotage sur les prostitutions, Anne Hidalgo continue cependant à imposer le silence sur ces faits. Arguant de son impuissance à influer sur les forces de l’ordre, elle nous renvoie au ministère de l’Intérieur et à la Préfecture de Police. Pourtant, le travail avec la police était une des priorités de son comité de pilotage, lequel comprend d’ailleurs des représentants des services de police. De même, la Mairie collabore avec la Préfecture dans l’établissement du Contrat local de sécurité. Lors d’un rendez-vous, Anne Hidalgo nous a néanmoins confirmé que la Mairie de Paris avait, il y a deux mois, demandé une enquête à l’Inspection Générale des Services. Est-il utile de préciser que nous n’attendons pas beaucoup du rapport de l’IGS ?

Amalgame

Par ailleurs, en reconduisant l’amalgame entre prostitution et trafic d’êtres humains, les positions d’Anne Hidalgo font le jeu du projet de loi Sarkozy : cette assimilation cautionne les mesures d’éloignement prévues pour les prostituéEs étrangèrEs. De plus, en réduisant les prostituéEs à des victimes, Anne Hidalgo occulte l’existence et la parole des prostituéEs autonomes, se permettant au passage de mentir sur les chiffres. Là où, à Paris, les associations de terrain évaluent la proportion de prostituéEs indépendantes entre 40 et 60%, elle n’en reconnaît que 5%. Par pur souci idéologique, la première adjointe au Maire de Paris est donc prête à sacrifier la moitié des prostituéEs travaillant à Paris à son comité de pilotage.

D’autre part, les seules mesures qu’entend prendre Anne Hidalgo pour la protection des prostituéEs étrangèrEs et des victimes de réseaux se limitent à l’établissement d’un réseau d’appartements sécurisés et à la réinsertion professionnelle. Ces mesures sont strictement conditionnées à la sortie de la prostitution. Il s’agit là d’une véritable régression en acte sur le terrain des droits : droit au logement, à la santé, au travail, à la retraite, à l’anonymat en ce qui concerne le fichage policier, droit au séjour et à la libre circulation. Seules la reconnaissance et l’ouverture de ces droits permettraient d’améliorer concrètement les conditions de vie des prostituéEs.

Ce n’est qu’à partir de l’octroi systématique d’un titre de séjour, sans condition de plainte ou de témoignage, aux prostituéEs étrangèrEs et aux victimes de trafic, que l’on pourra protéger ces personnes. À l’heure actuelle, dans les cas de procès pour proxénétisme et de démantèlement de réseaux, c’est aux associations d’assurer la protection des personnes à qui l’on demande de dénoncer leurs proxénètes.

Enfin, Anne Hidalgo se dit favorable aux mesures de pénalisation du client, défendues il y a quelques mois par Christophe Caresche, adjoint au maire chargé de la prévention et de la sécurité, et député PS. De telles mesures reposent sur la même criminalisation de la prostitution que le projet de loi Sarkozy. Condamner les prostituéEs à la clandestinité, c’est les exposer à la violence et à l’insécurité. Pour cautionner son projet de loi liberticide, le ministre de l’Intérieur n’aurait pas pu trouver meilleurs alliés. Rien ne sert d’augmenter le nombre de préservatifs mis à disposition dans Paris si, dans le même temps, les mesures concernant la prostitution précarisent les prostituéEs.

Act Up-Paris exige :
– la levée des arrêtés municipaux anti-prostitution ;
– la condamnation et l’arrêt immédiat de la répression envers les prostituéEs ;
– la reconnaissance de droits (santé, logement, travail, retraite, séjour, etc .) pour touTEs les prostituéEs;
– l’octroi systématique d’un titre de séjour SANS CONDITION pour les prostituéEs étrangèrEs et les victimes de réseaux ;
– la prise en compte des enjeux de santé publique dans les mesures relatives à la prostitution ;
– la prise en compte de la parole des prostituéEs dans ces mêmes mesures.

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Les prostituéEs dans le projet de loi Sarkozy

Le projet sur la sécurité intérieure de Sarkozy prévoit de punir le racolage par 6 mois d’emprisonnement — 2 mois dans la version amendée par le rapporteur — et 3750 euros d’amende. Il prévoit également l’expulsion du territoire pour les prostituéEs étrangèrEs, avec retrait de la carte de séjour pour les étrangèrEs régulariséEs. Ce projet soumet, pour ces mêmes prostituéEs étrangèrEs, la délivrance d’une Autorisation Provisoire de Séjour au dépôt d’une plainte ou au témoignage contre leurs proxénètes, au titre de leur «participation») au démantèlement de réseaux.