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Un vent mauvais souffle sur nous. Les lois et projets de loi du ministre de l’Intérieur ont pris pour cible les prostituéEs, les étrangerEs, les usagers de drogue et les précaires. Ce recensement des catégories dangereuses de la population nous est déjà familier : ce sont les minorités que nous sommes et que nous défendons en luttant contre le sida. A chacune correspond en effet au sein d’Act Up une commission de travail et une priorité d’action ; à chacune correspondra bientôt dans le code pénal un nouvel arsenal répressif ad hoc. Ce n’est pas exactement un hasard. L’organisation du travail à Act Up porte la trace des mobilisations antérieures : le mouvement des sans-papiers, les occupations lancées par les précaires et les chômeurs, la «toxpride» des usagers de drogue, la lutte des prostituéEs pour leurs droits. Or, ce que visent les lois de Sarkozy, ce sont précisément les sujets de ces mobilisations. Il ne s’agit pas simplement de «casser un mouvement», il s’agit de nous réduire au silence. Dans les prisons, ce sont les détenus que l’on veut faire taire. Yves Peirat, purgeant une peine de prison au centre de détention de Salon de Provence, a été mis en quartier d’isolement pour avoir dénoncé, dans un tract, les conditions de détention, et demandé l’application de la loi sur les droits des malades pour les détenus gravement malades. La commission Prison d’Act Up-Paris ne reçoit plus un seul courrier de détenus depuis que Maurice Papon a été libéré. Il est vrai que nous n’avons eu de cesse d’intervenir pour réclamer que la loi dite de «suspension de peine» pour raison de santé s’applique à tous les détenus atteints de pathologie grave et non pas seulement à ceux qui ont les moyens juridiques et financiers de faire valoir leur état de santé. En bloquant les courriers, l’administration pénitentiaire et le garde des Sceaux empêche sciemment des détenus malades d’entamer cette procédure juridique avec le soutien des association. La saturation du standard du ministère de la Justice à coups de zaps phone-fax, les picketing à répétition sur une place Vendôme en état de siège, et la pression médiatique que nous entretenions ont toutefois eu raison du ministère et nous obtenu le rendez-vous que l’on nous refusait depuis plus de cinq ans. Hugues Berbain, conseiller technique chargé de l’Administration Pénitentiaire, et Jean-Luc Blouet, conseiller technique sur les questions de socitété et les études législatives, nous ont reçu le 4 octobre. Mais ils ne nous recevaient pour répondre à nos question mais pour y opposer une froide indifférence et une incapacité affichée. A les écouter, ils ignoreraient le nombre de malades aujourd’hui détenus. Pas plus qu’ils ne sauraient combien meurent chaque année de maladies évolutives alors qu’ils sont en détention. Ils n’auraient aucune idée du nombre de personnes ayant bénéficié de la loi sur les droits des malades sinon ce qu’ils en lirent dans la presse. Et pour cause : personne n’est aujourd’hui en charge de cette question au ministère de la Justice. D’où vient ce sentiment que ce gouvernement veut notre mort ?

 

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