«Je milite pour la création du Fonds mondial depuis 1997, de façon active. Le Fonds devrait rapidement atteindre la masse critique de 10 milliards de dollars» déclarait Jacques Chirac le 22 juillet 2001. Deux ans plus tard, le Fonds reçoit moins d’un1 milliard par an, dont seulement 50 millions pour l’instant de la part de la France.
Le 2 septembre 2002, le président français affirmait, au sommet Mondial du Développement Durable à Johannesburg : «la promesse des pays développés, c’est que tous les Etat dispose des ressources nécessaires pour financer son développement. Cette promesse devra trouver son application prioritaire dans la lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose, [car] ma conviction, c’est que l’humanité se rendrait coupable de non assistance à peuples en danger si elle n’agissait pas».
Pourtant, en raison de l’insuffisance des contributions actuelles de la France et des autres pays riches, en octobre prochain le Fonds mondial ne remplira que 20% de ses engagements financiers auprès des pays pauvres qui se battent contre l’épidémie. Richard Feachem, directeur du Fonds mondial sida, déclarait le 4 mai : «le Fonds n’a plus d’argent. Si le Fonds mondial doit devenir un énième cautère sur une jambe de bois, autant mettre la clef sous la porte». «Cette conférence est une mascarade ! ; la réalité c’est que les pays riches sont en train de trahir leur promesse de débloquer les 10 milliards annuels nécessaires à la lutte contre le sida», estime Gaëlle Krikorian d’Act Up-Paris.
Or, 2003 constitue une année charnière pour la pandémie du sida, alors que les Etats de certains pays d’Afrique se délitent sous le poids de l’hécatombe, et que dans des pays d’Asie comme la Chine, la Russie ou l’Inde, l’épidémie explose avec la même violence qu’il y a dix ans en Afrique.
En effet, dans les pays en développement, la pénurie de moyens bloque la mise en place des programmes d’envergure nationale à partir des initiatives pilotes lancées ces dernières années. Pour Khalil Elouardighi d’Act Up : «en refusant un réel changement d’échelle des financements – et cela en dépit des promesses faites à l’ONU Jacques Chirac et les autres dirigeants empêchent un changement d’échelle sur le terrain de la lutte contre l’épidémie. Cela se traduit par des centaines de milliers de morts qui pourraient pourtant être évitées».
«Au delà des effets d’annonce, ce que disent les leaders des pays riches avec cette conférence où ils refusent de consacrer les 10 milliards promis en 2001, c’est que pour eux, la vie de 40 millions de personnes ne vaut pas 0,05% du PIB» rappelle Gaëlle Krikorian.