Hier lundi 6 octobre, le gouvernement a publié le Projet de Loi de Finances (PLF) pour 2004. Le PLF prévoit 50 millions d’euros pour le Fonds mondial, alors que Jacques Chirac a annoncé au sommet du G8 en juin, puis à la conférence mondiale du sida en juillet, et encore à l’Assemblée de l’ONU sur le sida en septembre, que la contribution de la France serait triplée l’année prochaine à 150 millions d’euros. Où sont passés les 150 millions promis par le Président de la République ?
A l’ouverture du sommet du G8 à Evian le 1er juin dernier, Jacques Chirac déclarait à l’attention des autres pays membres de l’Union Européenne et aux partenaires Africains de la France : « J’ai comme une idée que l’Europe fera, comme les Etats-Unis, son milliard de dollars pour le Fonds mondial. J’ai déjà décidé que la contribution nationale française passerait de 50 à 150 millions d’euros. J’espère que nous serons suivis par les contributions nationales lors du sommet européen de Thessalonique. »
« Je souhaite lancer un appel solennel aux gouvernements des pays donateurs pour qu’ils fassent preuve, malgré les difficultés budgétaires, de plus de générosité » déclarait le 16 juillet le Président de la République dans son discours de clôture de la conférence des donateurs au Fonds mondial contre le sida à Paris. « Aujourd’hui, nous avons les moyens médicaux et financiers de maîtriser l’épidémie » ajoutait-il.
Mais comme le rappelait le 22 septembre devant les Nations Unies le directeur de l’ONUSIDA, le niveau minimum de financements de la lutte mondiale contre le sida, en dessous duquel il n’est pas possible de lutter efficacement contre la pandémie, s’établit en fait à 10 milliards de dollars annuels, qui doivent venir des pays capables de donner de l’argent à d’autres, les pays membres de l’OCDE. La part de la France dans le PNB de l’OCDE étant de 5%, c’est donc 500 millions d’euros qui étaient attendus de Jacques Chirac au G8 – et non 150 millions. Le Président des Etats-Unis, qui représentent 30% du PNB de l’OCDE, était venu au G8 d’Evian annoncer un effort américain de 3 milliards annuels pendant les cinq prochaines années.
Alors que dans une semaine s’ouvre en Thaïlande un Conseil d’Administration du Fonds mondial contre les pandémies – que le non-versement des sommes promises par différents pays riches met aujourd’hui face au risque de ne pas pouvoir honorer ses engagements – comment le gouvernement français va-t-il expliquer à ses partenaires, du Sud et du Nord, la rupture de la promesse d’Evian de contribuer à 150 millions d’euros au Fonds l’année prochaine ?
Chaque jour dans le monde, 10 000 malades décèdent du sida, principalement en Afrique.