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La session de clôture vient de s’achever. Christine Katlama et son co-chairman, Andrzej Horban ont conclu la rencontre de Varsovie par des remerciements mais aussi par un appel à la collaboration entre cliniciens européens afin d’apporter le soutien nécessaire aux pays de l’Europe de l’est dont la situation sanitaire est catastrophique.

« Les médecins russes ont besoin de votre soutien»

Ils n’ont pas manqué de rappeler que cet événement est aussi d’importance politique si tant est qu’il puisse influencer les états de l’Est à prendre en compte l’état sanitaire et l’explosion de l’épidémie de sida. Les usagers de drogues, massivement contaminés, ne sont pas pris en charge. Cette épidémie galopante s’accompagne aussi d’une prévalence grandissante de tuberculose. « Les antiviraux font défaut, le manque de fonds pour l’accès aux traitements de ces populations est choquant. Sans une réponse sur une large échelle en terme de prévention et de traitements, les conséquences économiques et sanitaires seront énormes dans les prochaines années » souligne Murdo Bijl venu tracer un tableau désastreux à l’est au nom de la AIDS Foundation East/West (AFEW). « Les connaissances de l’ouest peuvent être transférées à l’est. L’IAS et l’EACS y travaillent déjà. L’ex-Union Soviétique connaît un grave problème et a besoin de votre aide. Les médecins là-bas ont besoin de votre soutien, de votre expérience et de votre expertise ».

Plus tôt dans la matinée, l’Australien David Cooper était intervenu pour faire un point sur la prise en charge des complications métaboliques. Son intervention, peu optimiste, semble même très fataliste devant les faibles résultats que procurent les traitements testés récemment. Il conclue sur une note ironique à propos d’un essai associant traitement et exercice physique en s’amusant du design de cette étude. On savait déjà que l’industrie pharmaceutique ignorait totalement l’intérêt de l’exercice dans le traitement des troubles métaboliques malgré les résultats bénéfiques démontrés par de rares chercheurs qui s’y sont essayés (lire à ce sujet le compte rendu de notre RéPI consacrée aux lipodystrophies). Il est évident que les labos considèrent qu’il n’y a rien à gagner pour eux. Doit-on en déduire que certains cliniciens sont à ce point influencés par l’industrie qu’ils sont capables d’ignorer les travaux de leurs collègues moins vénaux ?

co-infection

Yves Behamou est aussi intervenu lors de la dernière session pleinière pour nous transmettre les dernières données de la conférence de Boston en matière de co-infection VIH – Hépatites B et C. Rappelant que la co-infection augmente considérablement l’évolution des hépatites et diminue fortement l’espérance de vie, il expose aussi l’intérêt et les risques des traitements tant contre le VIH que pour soigner les hépatites. Enfin, en primeur, il nous a communiqué les résultats préliminaires de l’étude TECOVIR présentés à Boston hier, mardi. Cet essai de traitement de l’hépatite B conclue provisoirement à une bonne réponse avec 26,1% de négativation de charge virale HBV, 8,2% de négativation d’anticorps anti HBV et 4,8% de séroconversions. Ce sont là des résultats intermédiaires, le résultat final de cette étude est promis pour la rencontre de San Francisco en février prochain.

Comme dans toutes les conférences, de nombreuses présentations écrites, les posters, étaient proposées durant toute la durée des travaux à la lecture des amateurs. Il faut absolument noter, ne serait-ce que pour l’originalité du sujet, le poster 10.1/2 de l’hôpital universitaire de Brighton et du Sussex qui traitait « [d’]une étude sur la connaissance, l’attitude et l’évolution de la santé de personnes séropositives voyageant à destination des Etats Unis ». La législation américaine étant très discriminatoire à l’encontre des séropositifs, ce sont, selon l’étude, une majorité de personnes qui expédient leur traitement avant leur voyage et dans une moindre proportion des malades qui interrompent leurs médicaments afin de ne pas avoir à faire avec les services d’immigration malgré l’illégalité de ces moyens. Dans leurs conclusions, les chercheurs signalent tout de même le cas d’une personne ayant acquis des résistances aux antiviraux non nucléosidiques à cause de cette interruption sauvage de traitement.

Il y aurait encore beaucoup à dire. Rappelons simplement en guise de conclusion que la 9e conférence européenne de l’EACS sur le sida a rassemblé 2500 délégués de 51 pays dont 250 d’Europe de l’Est, 1800 de l’Ouest, 200 Américains et Canadiens. La Présidente de l’EACS, Christine Katlama termine son mandat et cèdera la place à l’Espagnol José Gatell l’année prochaine. Le prochain rendez-vous pour la 10e conférence européenne est à Dublin (Irlande) du 17 au 20 novembre 2005. Et comme le disait la Présidente dans sa conclusion : « nous devons former l’Europe du sida et partager nos connaissances. Nous devons continuer à développer notre propre conférence et ne pas nous contenter de nous diluer dans les rencontres nord-américaines. Nous avons l’excellence et les compétences pour y parvenir ». C’est précisément lors de la prochaine rencontre nord-américaine à San Francisco en février prochain que nous espérons bien vous donner rendez-vous pour un nouveau direct sur notre site.