Hier, jeudi 27 novembre, Jean-François Mattéi, Ministre de la santé et Gilles Brücker, directeur de l’Institut de veille sanitaire (InVS) ont présenté les chiffres de la déclaration obligatoire de séropositivité (DOS) et du baromètre gay. Ces chiffres sont extrêmement inquiétants. Ils décrivent une épidémie qui reprend chez les gays, se développe chez les hétérosexuels — tout particulièrement chez les femmes — et qui frappe durement les migrants.
Il n’y a pourtant rien d’étonnant. Les chiffres de la DOS annoncent 3000 notifications de séropositivité depuis le 1er janvier 2003. Compte tenu des taux de dépistages observés lors de différentes enquêtes ou lors des diagnostics des cas de sida, on peut s’attendre à un chiffre réel de contaminations très élevé. Sans pouvoir déterminer exactement le nombre de contaminations en France, ces chiffres montrent que l’épidémie ne diminue pas et qu’elle reste très importante.
Il n’y a rien d’étonnant à cela, car depuis des années les mesures qui auraient pu empêcher cette situation dramatique n’ont pas été prises. Elles sont pourtant archi-connues. Il faut des campagnes de prévention ciblées (en direction des séropositifs, des séronégatifs, des femmes, des migrants), explicites et largement diffusées. Les ministres de la Santé successifs ont lancé des campagnes plus indigentes les unes que les autres (et encore, quand ils en ont lancé). Nécessaire également, la sensibilisation aux sexualités et à la prévention dès le collège. Mais là aussi, aucun ministre de l’Education nationale ne s’en est réellement préoccupé. Un chiffre particulièrement montre les conséquences d’une absence de prévention : 8 fois sur 10, celles et ceux à qui l’on diagnostique un stade sida ignoraient leur séropositivité.
Si l’année prochaine Jean-François Mattéi ne veut pas annoncer des chiffres encore plus graves, il doit prendre immédiatement ses responsabilités, en mettant fin à la baisse ou au gel des crédits aux associations et en lançant, enfin, de vraies campagnes de prévention et soutenant la politique de réduction des risques en direction des usagers de drogues, aujourd’hui remise en cause — mais dont les chiffres de la DOS montrent pourtant l’efficacité.
Aussi, nous invitons tous les pédés, toutes les gouines, toutes les femmes, touTEs les migrantEs et plus généralement toutes celles et tous ceux qui veulent une véritable politique de santé publique de lutte contre le sida à nous rejoindre le 1er décembre, journée mondiale lutte contre le sida, à 18h30 au métro Barbès pour notre manifestation.