Mercredi 7 janvier, à 18 heures, deux représentants d’Act Up-Paris ont été reçus par Jean-François Mattéi. Il aura fallu plusieurs mois et une occupation du ministère de la Santé pour obtenir cet entretien. La situation est pourtant d’une urgence vitale. Depuis un an, c’est l’ensemble de la protection sociale et des droits au séjour des étrangers atteints de pathologie grave qui a été démantelé.
Nous avons demandé au ministre de se prononcer publiquement sur la remise en cause de l’Aide Médicale d’Etat (AME) et des dispositions légales qui permettent aux sans-papiers malades d’obtenir une carte de séjour d’un an, donc de vivre régulièrement en France afin de mieux se soigner.
Sur ces deux sujets, Jean-François Mattéi a refusé de se prononcer publiquement. S’il entend résoudre des situations individuelles et travailler à l’élaboration à terme de textes réglementaires sur le droit de ces personnes, il n’entend pas réagir publiquement sur la situation actuelle.
Pourtant, de fait, l’AME a été détruite, et les sans papiers vont devoir payer des soins gratuits pour le reste de la population. Les conséquences sanitaires de cette mesure sont immenses (retard dans le dépistage et l’accès aux soins notamment). Pourtant, Jean-François Mattéi estime qu’il n’est pas essentiel d’intervenir publiquement sur ce sujet et préfère laisser la parole aux ministres de l’Intérieur et de la Justice, dont l’approche ultra-répressive entraîne des conséquences sanitaires graves.
Depuis le mois de mai, 15 personnes malades vivant régulièrement en France depuis des années ont sollicité Act Up, car leur titre de séjour n’est pas renouvelé. Ce chiffre est énorme. Si elles sont expulsées, elles sont condamnées à mort — les traitements ne sont pas disponibles dans leur pays d’origine. Jean-François Mattéi là encore se tait, il estime même que la défense de ce droit pourrait créer un «appel d’air», et que trop de gens malades viendraient se soigner en France…
Des décisions politiques ont été prises par le ministère de l’Intérieur et les parlementaires, sans que, dans les débats préalables, les impératifs de santé ne soient défendus par le ministre. Il s’agit d’un silence criminel, qui condamne ces personnes. Nous n’aurons de cesse d’interpeller publiquement le ministre sur ces sujets.