Act Up-Paris et ASUD appellent les usagerEs substituéEs et toutes les personnes concernées aux premiers Etats Généraux des UsagerEs de la Substitution aux Opiacés, le samedi 5 juin 2004 de 10h à 18h à l’Auditorium de l’Hôpital Européen Georges Pompidou (20/40 rue Leblanc, Paris 15è; Métro Balard ou RER Bd Victor).
Nous sommes 100 000 usagerEs des traitements de substitution en France. Nous affirmons que l’accès à ces produits (méthadone, buprénorphine/Subutex, sulfates de morphine, produits codéinés…) est une question vitale pour nous. Ces traitements nous ont permis de mener une vie digne, citoyenne et responsable. La menace qui semble de nouveau peser aujourd’hui sur les modalités d’accès à ces traitements pèse directement sur nos vies.
L’Assurance-Maladie a lancé ces dernières semaines une campagne agressive sur les prescriptions abusives de Subutex. Le 8 avril dernier, la CNAM tenait une conférence de presse ne présentant que les abus de prescriptions et les mésusages, sans rappeler les cas de dizaines de milliers d’usagerEs qui mènent leur vie simplement, avec leurs traitements. Puis, des médecins et des pharmaciens ont été mis en examen à Toulouse le 27 avril, et présentés dans les journaux télévisés comme de véritables « dealers en blouse blanche » d’une « drogue délivrée sur ordonnance ».
Il y a aujourd’hui près de 100 000 personnes en traitements de substitution en France, dont plus de 85 000 sous Subutex (buprénorphine haut dosage). Depuis une dizaine d’années, c’est un accès assez large aux produits de substitution qui a permis les succès incontestables de ces traitements, dont les plus spectaculaires ont été la baisse de 80 % des overdoses mortelles entre 1994 et 1999, ainsi qu’une chute considérable chez les usagerEs des contaminations par le virus du sida. Qu’une petite partie des prescriptions alimente un marché noir de ces produits révèlent bien sûr des pratiques frauduleuses, mais surtout un problème d’accès aux soins des usagerEs les plus précariséEs. Comme toujours, ce sont les plus vulnérables, les plus instables et bien souvent les plus pauvres qui sont désignéEs comme victimes expiatoires des lacunes du système.
Rappelons quelques chiffres : 90 % des patientEs suiviEs restent dans le cadre normal de prescription avec des posologies moyennes tout à fait compatibles avec la réglementation. Pour les 10 % restants, le mésusage est très souvent dû à un problème d’accès au produit adéquat. Les injecteurs et injectrices de Subutex, qui représentent une bonne part des clientEs du marché noir, sont enferméEs dans des pratiques à haut risque sanitaire et espèrent le plus souvent pouvoir échapper au cercle infernal du mésusage. Dans bien des cas, un simple passage à la méthadone permettrait de résoudre le problème, mais la réglementation en vigueur rend ce processus lourd et compliqué.
L’Assurance-Maladie n’entend répondre au problème posé par le mésusage et les polyprescriptions que par la seule répression. La logique de la suspicion permanente est une arme à double tranchant. On risque de saper l’embryon de citoyenneté que les usagerEs de drogues connaissent depuis l’apparition des produits de substitution. L’Assurance-Maladie ne s’est pas interrogée sur les causes d’un marché parallèle de Subutex. Elle entend y répondre par des réflexes simplistes et une démarche uniquement restrictive qui risquent de pénaliser les très nombreuSESx usagerEs stabiliséEs depuis parfois plus de 10 ans. Cette campagne n’est pas le fait du hasard et n’est que le coup de semonce d’une volonté plus générale.
Pour la première fois depuis dix ans, le corps médical va se réunir, pour fixer des normes en matière de prescription d’opiacés. La Conférence de Consensus, les 23 et 24 juin prochains à Lyon, a pour but de définir « les pratiques thérapeutiques » référentielles des professionelLEs du soin destiné aux usagerEs. Lors de cet conférence, l’expérience de milliers de personnes en traitements de substitution fait figure de parent pauvre. N’oublions pas que la fin du trafic, l’arrêt des mésusages, et plus globalement l’amélioration de l’état de santé des personnes passent d’abord par l’adhésion des usagerEs aux règles les concernant. Les nouvelles dispositions favorisant l’expression du droit des malades (loi de 2002) doivent aussi s’appliquer aux usagerEs de la substitution.
Nous appelons ainsi les usagerEs substituéEs et toutes les personnes concernées aux premiers Etats Généraux des UsagerEs de la Substitution aux Opiacés, le samedi 5 juin 2004 de 10h à 18h, à l‘Auditorium de l’Hôpital Européen Georges Pompidou, 20-40 rue Leblanc 75015 Paris (M° Balard ou RER Bd Victor).