Aujourd’hui mercredi 1er décembre, journée mondiale de lutte contre le sida, le Ministre des Solidarités et de la Santé, Philippe Douste-Blazy, a déclaré à l’AFP «la France est le deuxième contributeur du Fonds mondial contre le sida. Les pays occidentaux ne font presque rien pour les pays du Sud. C’est une honte planétaire.» Or, c’est en réalité la France qui fait office de cancre planétaire en matière de financement de la lutte contre le sida : alors que les Etats-Unis y consacreront 2,2 milliards d’euros en 2005 (George Bush, 20 septembre 2004) et la Grande-Bretagne 700 millions d’euros (Hilary Benn, 17 novembre 2004), le gouvernement français n’a budgété que 180 millions (Projet de Loi de Finances 2005).
La rang de la France parmi les contributeurs du Fonds mondial est un trompe-l’oeil : nul mérite à être le deuxième poisson d’un minuscule bassin. En effet, le Fonds mondial est quasiment vide, comme le reconnaissait le 18 novembre dernier l’ambassadrice sida de la France dans Libération.
Jacques Chirac a affirmé hier que les ressources budgétaires des pays riches ne suffiraient pas à abonder le Fonds mondial. Pourtant, le 22 juillet 2001, il avait promis que «le Fonds mondial devrait bientôt atteindre les 10 milliards de dollars» par an, somme à laquelle la France s’était engagée à l’ONU le 27 juin précédent. Ces 10 milliards représentent pourtant moins de 0,05% du PNB des pays riches (selon l’OCDE), et des pays au déficit budgétaire astronomique comme les Etats-Unis réussissent à tenir leur promesse là où la France ne le fait pas. Dans ces conditions, comment prendre au sérieux le vœu du Président qu’une taxation internationale se mette en place et serve à financer le Fonds mondial, alors que les Etats-Unis et le Japon (qui concentrent 47% du PNB de la planète) s’y oppose, et alors qu’en France il s’oppose à toute hausse des impôts ?
D’après le directeur de la Banque Mondiale, James Wolfensohn, «dès 2007, c’est de 20 milliards de dollars dont le monde aura besoin chaque année afin de combattre le sida» (China Aids Survey, 25 juin 2004) .
Act Up-Paris dénonce les mensonges meurtriers de Jacques Chirac et Philippe Douste-Blazy concernant le bilan de la France en matière de financement de la lutte mondiale contre le sida, et exige que les montants alloués par la France soient au moins égal à ceux de la Grande-Bretagne, soit 700 millions d’euros pour 2005.