Cela fait 6 mois que le sida est «Grande cause nationale». 6 mois pour rien.
Qu’a fait le gouvernement pour améliorer le dispositif de lutte contre le sida ? Où sont les campagnes publiques d’information et de prévention, massives et visibles ? Les services du ministère de la santé, bien loin de profiter du label «Grande cause» pour imposer des mesures de bon sens, se réfugient derrière pour ne rien faire et laisser les associations travailler, avec des moyens toujours plus réduits, pour faire face à des besoins de plus en plus importants.
Chaque nouvelle annonce de données épidémiologiques renforce un peu plus l’impression que la pandémie serait une fatalité, qu’on ne peut rien y faire et que nous hurlons en vain. Au cours des douze derniers mois, selon l’enquête presse gay 2004, 36 % des pédés ont eu au moins une relation sexuelle non protégée. Cette proportion est de 27 % chez les séronégatifs, 45 % chez les séropositifs et de 30 % chez ceux qui ignorent leur statut sérologique. La même étude indique que 41 % des homosexuels ont pratiqué une fellation non protégée avec exposition au sperme. Tous ces chiffres sont en augmentation : la reprise des risques chez les homos est une réalité que plus personne ne peut nier.
Face à la démission des pouvoirs publics, face à cette reprise dramatique des comportements à risques, nous voudrions que cette Marche des Fiertés soit l’occasion de renouveler nos appels à une communauté lesbienne, gay, bi et trans soudée. La position tenue par la majorité des pédés depuis une dizaine d’année est par trop luxueuse. Nous payons tous le prix de l’indifférence généralisée de la communauté aux cris d’alarme des associations depuis près de dix ans ; le refus de condamner le bareback, qui vante les mérites de la baise sans capote, l’absence d’égards vis-à-vis des trans ou des jeunes gays qui se sentent moins concernés par le sida, la complaisance vis-à-vis du Nokpote, l’irresponsabilité de patrons d’établissements de sexe qui refusent d’assurer le minimum de prévention : tout cela fait autant de dégâts que l’incurie des pouvoirs publics.
Il est urgent de se mobiliser pour ne pas perdre ce que nous avons gagné depuis 10 ans et pour conquérir de nouveaux droits :
– l’égalité entre les homosexuelLEs et les hétérosexuelLEs
– une visibilité plus grande des séropositives et des malades du sida pour lutter contre les discriminations
– des capotes, du gel et des gants à profusion et gratuits
– des centres de dépistage ouverts plus longtemps
– des consultations en prévention et en sexologie dans les hôpitaux et les CDAG
– la reconnaissance des dégâts de l’épidémie chez les trans
– un renforcement de prévention et de la lutte contre l’homophobie, le sexisme, la lesbophobie et la transphobie dans les établissements scolaires
Autant de revendications qui doivent être portées par une communauté solidaire pour espérer trouver le moindre écho auprès d’un gouvernement incapable de dépasser sa minable opération de communication intitulée «Sida Grande Cause Nationale 2005».