Dans une interview publiée dans Le Figaro aujourd’hui, Nicolas Sarkozy a cru bon de remettre en cause l’accès aux soins des étrangerEs en situation irrégulière : « Aujourd’hui, un étranger en situation irrégulière a plus de droits aux soins gratuits qu’un smicard qui paie ses cotisations, ce n’est pas acceptable ! ». M. Sarkozy aurait pu se passer d’une telle ineptie ; Act Up-Paris le rappelle à la réalité.
Nicolas Sarkozy parle beaucoup, mais ses propos cachent mal son ignorance totale des réalités. Dans une interview accordée aujourd’hui dans Le Figaro, il se permet de comparer l’incomparable : il oppose une catégorie fondée sur une situation administrative à une autre fondée sur un niveau de ressources. Si Nicolas Sarkozy utilisait une méthodologie un peu plus rigoureuse, il pourrait se rendre compte que les personnes étrangères en situation irrégulière ne bénéficient en France d’aucun privilège. Compte tenu de leur situation administrative, leurs revenus sont le plus souvent bien inférieurs au smic, quand ils ne sont pas inexistants. Or, pour les personnes les plus pauvres, touchant moins de 562 euros par mois, la France a souhaité garantir un accès aux soins par la couverture médicale universelle complémentaire ou CMU-C (pour les FrançaiSEs et les étrangèrEs en situation régulière) et l’Aide médicale d’état (pour les étrangèrEs en situation irrégulière). Des droits essentiels que Nicolas Sarkozy semble aujourd’hui considérer comme des privilèges « inacceptables ».
Non seulement le ministre de l’Intérieur méconnaît le droit français, mais, de surcroît, il ignore tout de la situation désastreuse que subissent les étrangèrEs en situation irrégulière en matière d’accès aux soins, depuis les restrictions de l’Aide médicale d’état initiées par son parti en 2002 et 2003. Cette situation, Act Up-Paris, association de malades, la connaît bien pour la subir quotidiennement : ce sont des personnes malades refoulées aux portes des hôpitaux sans qu’elles aient reçu les soins nécessaires, ce sont des associations de terrain débordées par une population croissante de précaires excluEs des soins, et c’est encore la recrudescence de foyers tuberculose et le retard dans le dépistage du VIH chez les sans-papierEs.
Enfin, nous rappelons à M. Sarkozy que, selon les dernières estimations du ministère de l’Intérieur, entre 200 000 et 400 000 sans-papierEs vivaient en France, alors qu’en 2004 seules 160 000 personnes bénéficiaient de l’Aide médicale d’état. Ce qui est réellement inacceptable, ce sont ces dizaines ou centaines de milliers de personnes exclues des soins.
Aux discours idéologiques de M. Sarkozy, nous continuerons à opposer notre point de vue pragmatique : l’exclusion des soins de toute une partie de la population vivant en France est incompatible avec les enjeux de santé publique et fait le jeu de l’épidémie de sida. Contre le démantèlement de l’Aide médicale d’état et l’exclusion des soins des étrangèrEs en situation irrégulière, Act Up-Paris exige l’ouverture de la Couverture médicale universelle aux sans-papierEs.