La « loi pour l’égalité des chances » s’inscrit dans une longue série d’attaques des garanties vitales et sociales de tous et chacun. Elle s’ajoute à la mise en cause des droits à la retraite, à la santé, à l’indemnisation de l’intermittence de l’emploi et du chômage ainsi que celle du handicap, au renforcement du contrôle des chômeurs et de ses cohortes de radiés.
En conditionnant des droits sociaux au comportement des individus, à leur civilité, ou en prévoyant jusqu’à l’interruption des allocations familiales des familles aux enfants « absentéistes », cette loi organise l’insécurité sociale. C’est la même logique qui prévaut en matière de gestion des migrants avec « l’immigration choisie » : on voudrait faire du droit au séjour un droit totalement subordonné à l’emploi et, du droit à l’installation un mirage, accessible seulement par naturalisation. Chacun étant supposé égal devant les chances et les risques, il en sera donc pour chacun selon ses mérites. Tel est le message qui doit booster la concurrence et renvoyer les « inemployables » à la honte et à des miettes de droits. Tous perçoivent que désormais nul n’est plus à l’abri, même muni d’un CDI, d’un bac ou d’un master… On cherche à faire régner la peur. Celle de ne pas trouver ou de perdre sa place dans la société, de basculer dans la victimisation, avec ou sans emploi. À cette précarisation croissante ne répondent aujourd’hui que des incantations à un plein-emploi qui ne reviendra pas, faisant le lit de toutes les mesures de mise au travail à n’importe quelles conditions, avec pour perspective un nouveau plein-emploi précaire. En réponse à une révolte des cités dont le feu couve encore, c’est en fragilisant de nouveau la protection sociale qu’on prétend offrir aux plus discriminés des « chances » de « faire leurs preuves » sur le marché du travail. Le CPE impose, par-delà même ceux qu’il touchera directement, un modèle de fonctionnement : le Casting Permanent à Ejection. La résignation et la soumission aux conditions de travail des entrants dans le salariat cristallisent le puissant mouvement actuel de refus de la précarisation. C’est en s’opposant à une logique d’ensemble qui, de l’école au chômage, de l’emploi à la formation, nous voudrait « suivis individuellement » tout au long de la vie et en permanence éjectables, que ce mouvement suscite l’attention de tous les précaires d’Europe. Nous voulons des droits sociaux pour tous, avec ou sans emploi. Nous voulons non pas « l’égalité des chances », mais celle des garanties sociales. La continuité d’un revenu égal au moins égal au Smic pour tous dès 16 ans est aujourd’hui une impérieuse nécessité. Immédiatement, c’est l’extension d’un RMI fortement revalorisé aux moins de 25 ans, scolarisés compris, un modèle d’indemnisation juste pour l’ensemble des salariés intermittents, la revalorisation de tous les minima sociaux et des salaires, les transports gratuits pour tous les précaires, une couverture maladie, grossesse et vieillesse réellement universelle.Par Act Up-Paris|2023-11-24T16:15:40+01:00mardi 4 avril 2006|Catégories : Archives|Mots-clés : Mayday|
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