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Le VIH/sida n’est pas une maladie chronique ! Avec plus de 1 600 décès par an d’après l’enquête mortalité 2000, on meurt toujours du VIH en France.

En 1994, au plus haut de la mortalité, celle-ci s’élevait à environ 4 000 décès annuels en sida déclaré. Il convient donc de reconsidérer à l’aune de ces chiffres la prétendue diminution radicale de la mortalité. Si le contrôle de la charge virale a permis de réduire notablement la mortalité sida, aujourd’hui les décès concernent de plus en plus de personnes avec un bon contrôle virologique et immunitaire. Les premières causes de décès de séropositifVEs sont les cancers (doublement de leur incidence chez les séropositifVEs), les cirrhoses hépatiques et les risques cardiaques.

Il n’y a pas forcément eu une augmentation de l’incidence de ces phénomènes. Bon nombre d’entre eux existaient déjà. Mais l’urgence des pathologies directement liées au VIH et à la diminution des défenses immunitaires (CMV, pneumocystose, etc.) qui provoquaient la mort prématurée des malades les avaient « masqués ». Tandis que l’espérance de vie des séropositifVEs a globalement augmenté, leur impact sur la durée de vie est d’autant plus sensible.

Les données actuelles de l’espérance de vie sont trompeuses parce qu’on ne tient souvent pas compte des personnes déjà décédées. Il ne faut jamais oublier que nous ne sommes pas touTEs égaLESux face à la maladie. Ces inégalités sont biologiques et sociales. On le sait, les plus précaires sont plus exposéEs à la maladie et aux morbidités. Les homos sont globalement moins précaires que d’autres populations atteintes. Mais tandis que l’espérance de vie a augmenté, l’ancienneté dans la maladie est associée à plus de précarité affective et sociale et au développement de l’exclusion. Si on ne voit plus mourir les séropositifVEs c’est surtout qu’ils et elles sont de plus en plus isoléEs au fur et à mesure que leur maladie se développe.

Le retard dans l’accès aux soins multiplie par 16 le risque de mortalité dans les 6 premiers mois de prise en charge. L’enquête « Retard » montre que l’on peut distinguer deux populations principalement concernées par un accès aux soins tardif : les personnes d’origine sub-saharienne et, aussi étonnant que cela puisse paraître compte tenu du niveau d’information de cette population, des gays bien insérés socialement. Si les premierEs sont confrontéEs à des limitations administratives et sociales dans l’accès aux soins, comment interpréter le dépistage tardif chez les homos sinon par le déni ?